Canada : Celui qui remontait le temps
23 août 2016Jour 24 : jeudi 14/07/2016
Aujourd'hui, nous quittons le parc de la Mauricie en direction du lac Saint-Jean, à 260km, 3h de route.
Un petit arrêt au village de Grand-Mère (si si c'est bien le nom du village) pour ravitailler en courses et c'est parti.
Nous faisons quasiment tout le trajet sous la pluie, mais nous gardons le sourire car nous sommes en très grandes vacances, et ça c'est plutôt cool 🙂.
Nous faisons étape à Chambord, village de 1700 habitants où il n'y a absolument rien à faire. Mais c'est ici que nous passons la nuit pour ensuite nous rendre au village historique de Val Jalbert, situé juste à côté.
La nana de l'information touristique nous autorise à dormir sur son parking. C'est très gentil de sa part mais nous aimerions trouver une meilleure place car ici, nous sommes au bord de la route donc un peu bruyant…
Avant de chercher un autre endroit où passer la nuit, nous nous rendons à l’hotel-restaurant situé juste en face de l'information touristique et prévu pour les gens de passage, afin d’y prendre une douche. C'est un peu cher, 8$ chacun, mais avec la chaleur humide que nous avons eu toute la journée, la douche nous semble nécessaire.
Comme c'est illimité en eau chaude, à ce prix-là, on fait la totale : douche, shampoing, soin cheveux, masque et rasage.
Et une fois la douche terminée, nous apprenons en direct par la chaîne info du resto, le terrible attentat qui s'est produit à Nice. Quelle horreur ! 🙁
Nous restons sans voix et sommes vraiment attristés par cet événement.
L'employée du resto, qui a compris que nous étions français, commence à échanger avec nous sur le sujet du terrorisme et nous demande si ça se passe près de chez nous.
Elle nous explique ensuite que pour le moment, tout va bien au Canada et qu'ils ne sont absolument pas touchés ni concernés par les attentats terroristes, contrairement à la France.
C'est donc l'esprit préoccupé par cette terrible nouvelle que nous quittons le restaurant à la recherche d'une bonne place où souper et dormir.
Ne trouvant aucun endroit sympa et autorisé, nous décidons de nous stationner sur le parking du camping du village de Val Jalbert car en plus d'être très au calme, il est situé aux portes du village historique.
Seulement, à minuit et demi, alors que nous venons de tomber dans un profond sommeil, le gardien du camping vient taper à la vitre de notre voiture avec sa lampe torche pour nous demander de ne pas rester là et de bouger 😡.
C'est donc la tête dans le cirage et en sous-vêtements que nous reprenons la route pour finalement passer la nuit sur le parking de l'information touristique. Retour au point de départ.
Jour 25 : vendredi 15/07/2016
Bien que nous ayons passé la nuit au bord de la route, sur le parking du bureau d'informations touristiques, nous avons très bien dormi.
Quand on pense que nous nous sommes faits virés hier soir, NOUS ! On en rigole encore 😊.
7h30, le réveil sonne une première fois : le ciel est hyper couvert. On se recouche.
8h45, au deuxième réveil, le ciel est complètement dégagé alors malgré le vent et les températures matinales un peu fraîches, nous nous levons et nous préparons rapidement afin de profiter pleinement de la belle journée qui s'annonce.
Petit déjeuner, brossage de dents et on file au village historique de Val Jalbert.
Avant de payer nos billets d'entrée pour le village, c'est au culot que nous retournons à l'accueil du camping qui nous a viré du parking en pleine nuit, leur demander s'ils peuvent mettre nos blocs réfrigérant au congélateur. Après tout, ils ne sont pas censés savoir que ce sont nous les squatteurs...
Ils acceptent ! 🙂
C'est parti pour une journée à remonter le temps.
Mais qu'est ce que Val Jalbert ?
L'origine du village de Val Jalbert, entièrement fait de bois (ici pas de béton) remonte à la création d'une pulperie en 1901 (usine de production de pulpe de bois destinée à la fabrication du papier), autour d'une puissante chute d'eau de 72 mètres (21m plus haute que les chutes du Niagara).
La pulperie à d'abord été achetée par des américains en 1904, puis a été revendue à Chicoutimi en 1909.
C'est donc au début des années 1910 que naît le concept d'un village modèle pour loger les ouvriers et leurs familles, avec un aqueduc, des égouts, l'électricité, le téléphone et une école tenue par des religieuses.
À cette époque, le village vivait pratiquement en autarcie et devint même une municipalité en 1915.
En 1926, le village comptait 80 maisons et environ 950 habitants.
Il faisait bon vivre à Val Jalbert, et les villages alentours enviaient cette vie de modernisme et de confort.
Mais la crise économique a conduit à la fermeture de la pulperie en 1927.
Les habitants ont bien tenté de survivre dans le village mais ont fini par déserter pour trouver du travail ailleurs et Val Jalbert est devenu un village fantôme.
Laissé à l'abandon, le village connaît cependant une seconde vie à partir des années 60.
Dans un premier temps, il devient le squat des hippies.
Aujourd'hui, il accueille les touristes et figure parmi les plus beaux attraits de la région avec ses nombreux vestiges qui ont traversé le temps.
En 2009, lors de notre premier séjour au Québec, nous nous étions arrêtés à ce village durant notre road trip en camping-car, et nous avions beaucoup aimé nous plonger cent ans en arrière.
C'est parce que nous en avons gardé un très bon souvenir que nous y retournons cette année 🙂.
Pour nous rendre jusqu'en haut du village, il est possible d'attendre le trolleybus de l'époque mais comme nous venons de le rater, nous y allons à pieds. Seulement 15 minutes de marche par un sentier offrant des points de vue sur la rivière.
Nous nous rendons tout d'abord à l'école Saint Georges, le couvent-école de l'époque.
À l'intérieur, la salle de classe, ainsi que l'habitation des sœurs, de la Mère Supérieure et du curé qui dirigeait cette école.
On se rend compte que les aménagements de l'époque étaient bien plus sommaires qu'aujourd'hui.
Ce couvent-école qui fait office de musée aujourd'hui, conserve de vieux livres et documents de l'époque, qui nous dévoilent notamment le nom des personnes qui ont travaillé dans cette école ainsi que leur rémunération selon leur fonction et les années.
Ensuite, nous empruntons le chemin des écoliers pour rejoindre les habitations et sillonons les petites rues du village qui abritent encore les maisons de l'époque.
Beaucoup ont été rénovées et entretenues, tandis que d'autres se sont effondrées avec le temps par le poids de la neige des rudes hivers québécois.
Certaines maisons, ouvertes au public, exposent l'aménagement typique des familles dans les années 20.
Et pour l'époque, ce village était déjà bien moderne puisque beaucoup de familles possédaient une machine à laver et beaucoup de rangements dans la cuisine.
D'autres maisons en revanche, exposent les différents objets de l'époque trouvés sur le site, comme les outils, les baignoires, robinets ou encore supports à papier toilette 🙂.
Finalement, les choses n'ont pas tant changé en un siècle…
Nous poursuivons notre promenade en empruntant un escalier qui compte beaucoup beaucoup de marches (environ 750) avant d'atteindre un superbe point de vue sur le village, le lac St Jean et le haut de la chute d'eau, la raison de l'existence de ce village.
De là, nous empruntons un court sentier vers la chute Maligne où nous prenons notre casse-croûte.
Après cette petite pause devant ce paysage, nous redescendons jusqu'à la pulperie où est représentée une animation relatant l'histoire de Val Jalbert et de son industrie sur la pâte à papier, depuis son fondement en 1901 jusqu'à son effondrement en 1927, en passant par sa pleine effervescence dans les années 20.
Dans cette usine, nous y trouvons également une sorte de musée qui expose les machines de l'époque utilisées par les ouvriers, et explique chaque étape de la fabrication de la pâte à papier, depuis la récupération du bois (la matière première) jusqu'au transport des ballots de pulpe à papier pouvant peser jusqu’à 210kg et chargés à bras d'hommes jusque dans le train, en passant par la découpe du bois, l'extraction de la pulpe et le pressage.
Une fois cette aparté instructif et intéressant passé dans l'ancienne usine, nous allons faire un tour au magasin général de l'époque où se déroule une animation avec des comédiens habillés en tenue d’époque.
L'animation cible principalement les enfants mais reste sympa à regarder.
Enfin, avant de quitter le village, nous nous rendons au pied de cette chute grandiose qui servait à faire tourner les machines de l'usine et sans qui l'industrie n'aurait pas connu ses heures de gloire à une époque où tout le monde achetait le journal pour s'informer sur le monde.
Car la pâte à papier était principalement fabriquée pour la confection de journaux.
18h, le village va bientôt s'éteindre et nous remettre dans la réalité de 2016, une époque de sur-consommation et dans laquelle le journal à laissé place à Internet.
Nous sommes vraiment ravis d'être retournés dans ce village de Val Jalbert qui a certes un peu changé en sept ans mais pour le rendre encore plus intéressant et captivant.
Il y a un peu plus d'aménagements sécurisés au pied de la chute, un restaurant qui n'existait pas, et surtout plus d'animations qui nous en apprennent davantage sur le lieu et la confection de la pâte à papier.
C'est vraiment sympa à visiter, tant pour la beauté du lieu que pour son ambiance des années 20.
De plus, c'est le tourisme d’aujourd’hui qui permet de ne pas oublier l'existence de ce village et de ses habitants de l'époque.
À ne pas manquer surtout si on aime se replonger dans le passé 🙂.
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