Canada : Celui qui partait explorer le Labrador
23 sept. 2016Jour 48 : dimanche 07/08/2016
Dehors, le temps n'est pas beau. C'est gris, il pleut un peu et il fait frais !
Mais aujourd'hui c'est notre anniversaire de rencontre alors pour fêter nos 14 années de couple, Guigui m'emmène au Labrador 😉.
30 km de route depuis Fermont et nous voici arrivés dans la province des Inuits.
Voici à quoi ressemble le Labrador : quelques “villes” avec uniquement des routes de forêt entre chacune d'elles.
À peine avons-nous passé la frontière avec le Québec que nous devons procéder à un changement d'heure.
Et oui, ici, il y a 1h de plus qu'au Québec, donc plus que 5h de décalage horaire avec la France.
Autre changement au Labrador, ici on parle anglais.
Il va donc falloir que je m'y remette tranquillement, mais quand j'entends la nana du bureau d'informations touristiques de Labrador City nous parler, je ne comprends pas grand chose et je dois reconnaître que ça me soule déjà.
Par contre, la bonne nouvelle, c'est qu'elle nous informe qu'ici au Labrador, on peut dormir partout où l'on veut, du moment que ce n'est pas dans le jardin des habitants.
Après s'être renseigné sur les choses à voir dans la ville de Labrador City, nous jetons un coup d'œil rapide au musée gratuit attenant au bureau d'infos touristiques, qui raconte l'histoire du Labrador.
Un peu fatigués pour tout lire (d'autant que tout est en anglais), nous nous contentons de regarder les photos, les animaux empaillés et les différents artéfacts 🙂.
Y verrons nous des caribous durant notre séjour ?
Puis nous allons faire un petit tour en ville, mais en voiture car avec la pluie, ce n'est pas agréable de se promener dehors.
L'ambiance de la ville est vraiment spéciale. Ici tout est pensé pour des hivers longs et rudes.
On ne différencie pas un commerce d'un autre, ni même un resto d'une banque.
On dirait que tous les services proposés sont dans des entrepôts, sans fenêtre !
Quelle horreur d'être constamment dans le noir.
Quasiment personne dans les rues, on se croirait dans une ville fantôme.
Deux explications possible : soit les gens se reposent chez eux à cause du mauvais temps et puis nous sommes quand même dimanche, soit ils sont en vacances.
A Fermont, Alex nous disait que c'était généralement plus animé l'hiver.
Toujours est-il qu'il y a une drôle d'ambiance, pas très chaleureuse…
Un autre truc qui nous fait halluciner ici, c'est de voir un Mac Machin !
Ces cons-là sont vraiment partout. Ils ont réussi à s'installer même dans le nord du Canada ! Dans un bled paumé !
Le petit tour en ville terminé, nous cherchons un endroit où casser la croûte. À 15h, il serait temps de penser à manger…
Et c'est au Jean Lake que nous nous installons, devant un très beau lac, seuls, dans le calme le plus complet.
L'endroit est vraiment agréable. Manque plus que le soleil !
Au menu de ce midi, des patates sautées sauce pesto pour nous réchauffer 😉
Sans oublier le manteau et le bandeau sur mes oreilles, Guigui se moquant de ma coupe de cheveux, disant qu'elle ressemble à celle d'André Agassi dans les années 90. Jugez par vous-même...
Et pour une vaisselle écologique, un petit rinçage de nos couverts dans l'eau du lac 😉.
Et puis le temps étant toujours pluvieux, nous nous baladons dans le centre commercial mais ici, les magasins ferment à 17h ! Alors la balade est de courte durée.
Bon bah on va aller se laver au complexe sportif de la ville dans lequel se trouvent la salle de musculation, le bowling, la piscine, le gymnase de basket, de handball, etc...
La douche est gratuite, propre et spacieuse. Et il y a même un sauna !
Nous sommes seuls dans les vestiaires alors c'est le grand nettoyage ! 🙂
Et après la douche, bien que nous essayons de boycotter le Mac Machin le plus possible, c'est là-bas que nous passons toutefois notre soirée car c'est le seul “resto” qui possède des fenêtres !
Nous profitons de la connexion internet pour trier les photos et publier un article sur le blog.
Durant la soirée, nous croisons pas mal de familles d'origine inuit, et franchement obèses.
Il faut savoir que le gouvernement verse un peu d'argent aux populations inuits, déjà exempts de toutes les taxes. C'est une manière en quelque sorte de présenter des excuses auprès de ce peuple qui s'est vu voler ses terres par les colons.
Bien que cette colonisation date de 400 ans, ça peut se comprendre car les inuits étaient sur les terres du nord bien avant tout le monde et ils n’emmerdaient personne jusqu'à ce que les blancs débarquent avec leurs gros sabots pour tout leur prendre.
Beaucoup de ces inuits se refusent d'entrer dans la société moderne et continuent de vivre à l'ancienne, selon leurs traditions.
En revanche, ceux que nous voyons dans ce fast-food ce soir sont clairement intégrés à la société actuelle et du coup, c'est juste abusé de leur offrir des privilèges alors qu'ils font le choix de vivre comme toutes les autres communautés ”blanches”.
Ceux que nous voyons ce soir viennent en famille de 10-12 personnes, sont hyper bruyants et surtout énormes !
Mais ils ne sont pas les seuls bien portants. Nous voyons aussi deux adolescents venir à deux reprises se restaurer de burger et de frites en l'espace d'une heure.
Vraiment ça me dégoute de voir notre société mal manger de cette manière et devenir aussi grosse.
L’Homme n'est pas conçu pour être si imposant physiquement.
Et je suis convaincue que c'est toute cette malbouffe qui va nous conduire à notre perte.
Enfin bref !
En fin de soirée, alors que nous squatttons toujours le McDo (la connexion internet étant plutôt mauvaise pour charger les photos sur le blog), nous rencontrons Alex de Fermont avec qui nous discutons un petit moment avant de retrouver notre lac de cet après-midi pour y passer la nuit.
Jour 49 : lundi 08/08/2016
Ce matin, c'est la grosse flemme !
Comme dehors il pleut toujours, c'est le temps parfait pour traîner au lit 🙂.
Et puis, quand nous décidons enfin de nous bouger, nous remarquons que le pneu arrière droit est bien dégonflé donc nous filons aussitôt chez Canadian Tire pour remédier à ça au plus vite, autrement ça craint un max pour la traversée du Labrador…
Rendez-vous à 16h alors en attendant, nous allons faire un peu de ravitaillement en fruits et légumes, et ce n'est pas chose facile.
Dans les premières épiceries que nous visitons, il y a des rayons entiers de chips et barres chocolatées mais pas un seul fruit et légume !
Mais qu'est ce qu'ils mangent tous ces gens ?!!!
Nous finissons par trouver notre bonheur au supermarché IGA. Ouf !
Puis nous allons récupérer un téléphone satellite totalement gratuit et vivement recommandé dès lors que l'on quitte la ville car il n'y a aucun réseau entre les villes.
Donc en cas de problème quelconque sur les routes difficiles de la province (panne, crevaison, etc…), cela pourrait nous être utile d'avoir ce genre de téléphone pour appeler les secours.
16h, c'est l'heure du verdict pour notre titinne.
Le pneu n'étant pas réparable, il faut le changer et le remplacer par un neuf.
Le vendeur propose deux marques à Guigui, qui évidemment choisit le moins cher.
Et alors qu'en France, il est impératif de changer les pneus par paire (les deux de devant ou les deux de l'arrière), ici au Canada, ce n'est pas obligatoire.
Cela arrange bien nos finances de n'avoir à changer qu'un seul pneu (125$ pour le pneu + main d'oeuvre + taxes, soit 85€), d'autant que l'autre est encore en bon état donc inutile de le jeter.
17h15, nous sortons de chez Canadian Tire et il pleut toujours. Raz-le-bol de ce temps pourri !
Nous finissons par hésiter entre rester une journée de plus et espérer que le temps s'améliore pour tenter de faire les quelques petites balades sur les hauteurs de la ville, ou partir directement pour notre prochaine étape.
En attendant de nous décider, nous allons faire un brin de ménage dans notre voiture en utilisant l'aspirateur de la station service.
Deuxième ménage en 30 jours, nous tenons à peu près le même rythme qu'à la maison 😉.
Mais ici, il est super cher l'aspirateur !
2$ pour seulement 2 minutes, le double de ce que nous avions payé au Québec.
Le vieux monsieur qui attend derrière, nous entend baragouiner comme quoi c'est super cher et comme ça fait déjà deux fois que nous déclenchons l'aspirateur, il s'approche de la machine et y jette une pièce de 2$.
Trop sympa ! 🙂
Lui aussi trouve que c'est cher et en voyant notre aménagement de voiture, il comprend que nous baroudons à petit budget, c'est pourquoi il nous offre ces deux minutes supplémentaires de ménage.
Ou alors, il commence à s'impatienter…
La journée se termine. Nous décidons de rester encore un jour à Labrador City et espérons vraiment que le temps sera plus clair demain.
Jour 50 : mardi 09/08/2016
Ah ! Enfin un ciel plus ou moins dégagé ! 🙂
Nous allons enfin pouvoir profiter un peu de ce temps moins pire que les jours précédents pour aller nous promener en forêt.
Nous choisissons d'emprunter le sentier de Crystal Falls, une courte balade d'une demie heure seulement mais qui vaut le détour car elle mène à un joli point de vue sur la ville.
La balade terminée, nous quittons Labrador City vers 11h15 et prenons la route 500, également appelée “la route de la liberté”, jusqu'à notre prochaine étape.
245km de route asphaltée et 3h plus tard, nous voici arrivés à Churchill Falls.
Il n'y a pas âmes qui vivent le long de la route, ou alors elles sont bien cachées car nous n'avons vu que des forêts et des rivières.
Ah si, parfois une petite maison perdue au milieu des bois.
Nous supposons que ce sont des chalets de vacances mais peut-être pas ?...
Sur la route, nous croisons quelques hommes, jeunes et moins jeunes, cannes à pêche à la main, se diriger vers la rivière.
Quand on vit dans le secteur où le réseau téléphonique est quasiment inexistant, donc pas d'internet non plus, la vie doit être très différente de ce que nous pouvons connaître.
On se dit que c'est un monde à part, avec des activités totalement différentes. C'est davantage un retour aux sources.
Certes, ici les gens ont de beaux pick-up (qui soit dit en passant leur est indispensable durant les 8 mois d'hiver), mais leur habitation reste modeste.
En tout cas, de ce que nous voyons, les locaux semblent vivre dans des petites maisons en bois de plain pied.
On dirait qu'ils ont moins de besoins, ou du moins qu'ils ne s'en créent pas d'inutiles.
En revanche, bien que ces locaux pêchent eux-mêmes leur poisson et mangent la viande qu'ils chassent, nous trouvons les habitants de cette province bien plus gros qu'au Québec.
Du coup, il y a un paradoxe entre leur mode de vie plutôt simple et leur façon de consommer, notamment la nourriture.
Enfin bref, en voyageant à travers cette province reculée, je me laisse envisager la possibilité de tenter une expérience de vie tranquille, loin de tout, juste pour voir si je serai capable de vivre simplement sans jamais m'ennuyer. Alors que je trouve qu'on se pourrit la vie avec Internet et toutes ces technologies, Guigui m’affirme qu'il se croit tout à fait capable de vivre isolé, tant qu'il a internet lui permettant de garder un contact avec le monde.
Sur ces pensées philosophiques, nous poursuivons notre route et à environ 20km de notre arrivée, nous apercevons sur le bord de la route, un sentier de randonnée que nous empruntons afin de nous dégourdir les jambes et voir un peu au-delà de la route.
La balade n'est pas longue, à peine 20 minutes mais vaut vraiment le détour.
Elle mène à de jolis points de vue sur la chute d'eau qui permet d'alimenter la centrale hydroélectrique de la région.
Si on fait abstraction des nombreuses bibittes qui nous pourrissent la vie, la balade est vraiment agréable 🙂.
En chemin, nous faisons la connaissance d'un couple québécois, âgé d'une soixantaine d'années, faisant le même circuit que nous dans la province mais dans l'autre sens.
Et puis nous terminons notre trajet de 20km et arrivons à Churchill Falls, une petite ville pas touristique pour un sou puisque les habitants vivent ici parce qu'ils travaillent pour la centrale hydroélectrique.
Toutefois, la ville nous fait meilleure impression que Labrador City.
Plus petite mais bien plus mignonne avec ces jolies maisons et son square pour enfants.
Le centre commercial est une fois de plus un gros bloc sans fenêtre mais on trouve absolument tout à l'intérieur, un peu comme à Fermont : le bureau d'informations touristiques, la poste, la bibliothèque, le gymnase, le centre de fitness, la piscine, le supermarché et l'école. Sans oublier le théâtre et le curling 😉.
Une douche dans les vestiaires de la piscine et nous nous installons au square pour enfants pour le souper (le seul endroit de la ville avec des tables de pique-nique).
Il fait beau alors nous tentons de cuisiner dehors mais le vent est trop fort alors nous optons pour une cuisine en intérieur du mini-van 🙂.
Puis, en cherchant un endroit sympa où passer la nuit, nous découvrons cette très jolie plage d'où nous observons le soleil couchant.
Malheureusement il ne nous est pas possible de rester ici pour la nuit car trop proche des habitations, donc à la vue de tout le monde pour un petit pipi par exemple…
Qu'à cela ne tienne, nous trouvons un autre endroit tout aussi beau où passer la nuit.
Et c'est à la station de ski, fermée à cette période, que nous nous installons.
Là nous sommes tout seul, peinards, face à la vallée 🙂.
Une bonne nuit qui s'annonce...
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