Canada : Celui qui changeait constamment d'itinéraire
11 oct. 2016Jour 67 : vendredi 26/08/2016
C'est à Deer Lake que nous nous réveillons ce matin, une ville située à 1h de route à l'Est du parc national du Gros Morne et où nous avons passé la nuit, sur le parking du café Tim Hortons.
Après avoir été secoué par le vent au parc du Gros Morne, nous avons encore passé une nuit difficile car il a plu très fort et en continu. Résultat, nous sommes crevés ! Ce sont les joies du road trip en mini-van 🙂.
Le ciel gris est chargé en nuages et pluie ne nous aidant pas à être plus dynamique, nous squattons une bonne partie de la journée chez Tim Hortons où nous concentrons notre attention sur le blog et quelques lectures, notamment sur la manière de réduire ses déchets.
À Montpellier, nous avions commencé à travailler sur l'objectif zéro déchet, et en arrivant au Canada, nous avions la ferme intention de garder cet objectif en vue. Mais en voyageant comme nous le faisons en itinérance, il est très difficile de maintenir le cap et d'atteindre cet objectif, encore plus dans la province de Terre-Neuve.
En effet, les canadiens ont plein de qualités que nous pourrions copier en France comme leur système administratif très simplifié, leur facilité à se loger ou à trouver du travail, leur attitude toujours positive, leur amabilité, leur capacité à ne pas se plaindre, etc…
En revanche, ils ont beaucoup de retard pour tout ce qui concerne l'écologie et l'alimentation. Ils consomment à outrance, produisent énormément d'emballages et de déchets. Alors que le verre est consigné, nous ne trouvons pourtant que des emballages en plastique. Quasiment aucun contenant en verre !
De plus, nous ne trouvons que très peu de nourriture biologique, voire pas du tout sur l'île de Terre-Neuve. Et le peu de fruits et légumes que nous trouvons ici à Terre-Neuve, sont la plupart du temps très abîmés. Il est vrai que la France a été longue à agir à ce niveau-là et bien qu'il y ait encore beaucoup de travail à faire, les choses commencent à pas mal bouger désormais. Il faudrait que le continent nord-américain s'y mette aussi, et vite !
Bref, la journée ne s'arrange pas quand nous allons au supermarché Foodland de la ville. De toute façon, à chaque fois que nous faisons nos courses, je vis un moment de déprime.
Certains diront ou penseront que je suis une vraie chieuse quand il s'agit de manger mais c'est une question de point de vue.
En réalité, Guigui et moi veillons juste à respecter le plus possible notre corps et la planète en consommant de la bonne nourriture.
Mais à Terre-Neuve, c'est vraiment difficile de bien manger. Comme si ça ne suffisait pas de manger des pesticides emballés dans du pétrole, il faut en plus qu'ils rajoutent des glutamates et autres substances chimiques et toxiques dans toute leur alimentation. En gros, nous avons le choix entre manger de la saloperie ou manger de la grosse saloperie.
Bref, Guigui et moi nous faisons une raison mais malgré tout, c'est difficile.
Et cet épisode de courses met mes nerfs à rude épreuve à tel point que j'en viens à verser quelques larmes tellement que c'est déprimant. Des larmes de colère, des larmes de tristesse, des larmes de raz-le-bol.
Ça me soule de voir ces immenses rayons de chips et sodas à côté de quelques carottes et poivrons emballés individuellement.
Sérieusement, dans quel monde on vit ? Et pourquoi la caissière nous regarde étrangement quand nous lui demandons de ne pas ranger nos courses dans ses sachets en plastique en lui montrant nos sacs en tissu ?
Bref, un gros moment de solitude et de déprime qui me donne envie de tout envoyer chier pour aller vivre loin de cette société de consommation.
Guigui aussi est agacé par tout ça mais son seuil de tolérance et de patience étant plus élevé que le mien, il gère mieux la situation 😉.
Après ce mauvais moment passé au supermarché, nous prenons la route transcanadienne en direction de Twilingate, à presque 4h de trajet, sur la côte nord du centre de l'île. Et puis, en cours de route, nous changeons d'avis.
En effet, Twilingate semble être un charmant village mais doit certainement ressembler à ceux que nous avons pu voir sur la péninsule du nord.
Du coup, quand nous arrivons à l'intersection de la route entre le nord et l'Est, nous choisissons de poursuivre à l'Est et de passer directement à l'étape suivante, le parc national de Terra Nova. Nous passons la nuit sur une aire de repos à 20 km de l'arrivée au parc. Il pleut toujours… 🙁
Jour 68 : samedi 27/08/2016
Une fois de plus, nous avons très très mal dormi. Il y a eu un gros orage dans la nuit faisant résonner la pluie dans la voiture. Cela fait trois nuits que nous dormons peu.
Alors que Guigui semble relativement en forme malgré tout, moi je suis vraiment très fatiguée.
Le temps est toujours dégueulasse ce matin. Du coup, nous changeons à nouveau nos plans et décidons de ne pas randonner sur les sentiers boueux du parc de Terra Nova.
Nous passons à l'étape suivante, le village de Bonavista, situé à un peu plus de 2h de route. La légende raconte que ce serait le navigateur John Cabot qui aurait découvert le premier l'île de Terre-Neuve en s'arrêtant à Bonavista à l'été 1497.
Une fois sur les lieux, Guigui propose que l'on aille visiter l'établissement-Ryan, un musée sur la morue tandis que je suis motivée pour ne rien faire !
Entre le temps maussade et les mauvaises nuits passées, je suis crevée. Et quand je suis dans cet état de fatigue, je n'ai envie que d'une chose : m’enfoncer dans un canapé, blottie dans un plaid et regarder un film.
C'est dans ces moments-là, quand la météo est moche, que la télé me manque… Mais Guigui, lui, est motivé pour faire plein de choses aujourd'hui alors nous allons au musée et je le laisse effectuer sa visite tandis que je préfère l'attendre sur un banc, dans un état comateux 🙂.
Perché en surplomb sur le port historique de Bonavista, l'établissement-Ryan est un ensemble de bâtiments datant du 19e siècle, dans lesquels nous pouvons voir la demeure restaurée de James Ryan, un grand marchand de la côte terre-neuvienne.
Y sont installés également les magasins, entrepôts et bâtiments destinés au salage de la morue.
Une fois la visite du musée terminée, nous nous rendons jusqu'au phare car on peut y voir un très beau paysage de rochers habités par une colonie de macareux, ces fameux oiseaux qui ressemblant à des petits pingouins volants avec un bec de perroquet, et que nous avons découvert à Blanc Sablons pour la première fois.
N'étant plus capable de faire quoi que ce soit, Guigui s'en va prendre quelques photos du paysage pendant que je l'attends en voiture.
Ensuite, il souhaite aller voir le parc provincial Dungeon pas très loin du phare pour y voir un très beau paysage de rochers creusés par l'érosion. La forme des rochers rappellant l'entrée d'un donjon a inspiré le nom du parc.
Pendant ce temps, je commence à m'endormir dans la voiture en l'attendant 😴.
son retour, nous reprenons la route pour 46 km jusqu'au village de Trinity, un village au patrimoine architectural du 19e siècle et qui a toujours vécu dans la prospérité grâce à la pêche et aux bonnes relations commerciales entretenues avec l'Angleterre.
En cette fin de journée, le ciel se dégage de plus en plus, laissant place à un bout de ciel bleu et un peu peu de soleil. Arrivés à Trinity vers 17h, je suis trop épuisée pour faire quoique ce soit. Il est temps pour moi de faire une sieste pour me requinquer.
Après quoi, nous prenons place sur le bord d'une route peu empruntée pour passer la nuit.
Jour 69 : dimanche 28/08/2016
Enfin une bonne nuit passée ! Le temps a été plus clément cette nuit et nous avons super bien dormi, à l'abri du vent, sans aucun bruit alentour.
Je me sens en bien meilleure forme qu'hier alors hop hop hop, nous profitons de cette belle météo pour effectuer l'une des plus belles randonnées d'Amérique du nord selon notre guide (rien que ça !), sur le sentier Skerwink, une boucle de 5,3km enpruntant un splendide parcours côtier.
Une belle mise en jambe pour bien commencer la journée, avec une vue saisissante sur les falaises rocheuses.
De belles photos à prendre, de belles observations de paysage et méduses, et des jolis ricochets sur la plage 🙂.
Tellement de beautés autour de nous que nous mettons 2h pour effectuer la randonnée 🙂.
Nous reprenons ensuite la route pour 200 km jusqu'à Placentia, un village de pêcheurs nommé Plaisance par les français au 17e siècle.
Et oui, le village était français à l'époque, et ses habitants ne vivaient que de la pêche à la morue.
Et puis, les anglais sont arrivés et ils se sont disputés le territoire.
Les français ont certes fini par perdre tous leurs territoires au Canada mais ils n'ont pas perdu la bataille qui a eu lieu à Placentia justement, grâce au Fort qu'ils avaient construits de façon ingénieuse pour empêcher les anglais de pénétrer en grand nombre.
Nous visitons les vestiges de cette fortification, en mode audio-guidé. Guigui est captivé par la narration de la visite alors que moi, je m'en balance complètement.
J'en ai marre des visites culturelles, je préfère regarder les beaux paysages qui entourent le lieu et emprunter rapidement le petit sentier de randonnée qui mène au village.
Le meilleur moment de ma journée reste celui où nous nous posons dans les fauteuils Parcs Canada, en plein soleil, et contemplons la mer en face de nous.
Il est presque 18h quand nous quittons le centre d'interprétation, et comme il y a nulle part où nous installer pour la nuit, nous reprenons la route pour 65 km et 1h plus tard, nous voici arrivés à la réserve écologique de Cape St Mary’s.
Cette réserve située au milieu de nulle part protège une colonie d'oiseaux de mer, appelée fous de bassan.
Nous profitons des sublimes couleurs que nous offre le coucher de soleil pour aller voir de plus près ces fameux rochers sur lesquels sont perchés ces volatiles. Une fois sur place, nous assistons à un spectacle incroyable. Des oiseaux par milliers, qui font un vacarme fou.
Après avoir observé tous ces fous fous d'oiseaux, nous retournons à la voiture et préparons le souper.
Nous envisageons de passer la nuit ici près du phare car le lieu est magnifique et tranquille. En plus, nous avons une nouvelle fois droit à un superbe ciel étoilé. On y voit même la voie lactée ! 🙂
Cette fois-ci c'est Guigui qui aperçoit une étoile filante pendant que je prépare le repas devant la Grande Ourse.
Franchement, elle est pas belle la vie ? 😉
Jour 70 : lundi 29/08/2016
Pas grand chose aujourd'hui à part que nous ne faisons que changer de programme, encore et toujours…
Nous quittons Cape St Mary's vers 10h et prenons la route qui longe toute la côte sud de la péninsule d'Avalon.
Initialement, nous pensions nous arrêter à Cape Race, un lieu qui raconte l'histoire du Titanic car c'est tout près des côtes sud de Terre-Neuve que les signaux de détresse du paquebot ont été captés lors de sa collision avec un iceberg.
C'est grâce à la réception de ces messages que de l'aide fut mise en place, permettant de sauver un peu plus de 700 passagers.
Bref, au début nous pensions que cela pouvait être intéressant d'aller y faire un tour mais après réflexion, nous décidons de ne pas faire ce détour et continuons en direction du village de Ferryland. Dans ce village de pêcheurs, il y aurait une balade sympa à faire ou bien un morceau du East Cost Trail.
Et puis, finalement nous ne sommes pas plus motivés que ça pour nous y arrêter. Faut dire qu'à Terre-Neuve, tout se ressemble un peu et on a vite fait de faire toujours la même chose, à savoir des villages de pêcheurs, des centres d'interprétation qui racontent l’histoire de l'île et des balades côtières.
Au bout d'un moment, les villages de pêcheurs se ressemblent tous, les musées ça nous fatigue, et les balades côtières, bien que très agréables, se ressemblent un peu toutes aussi. Du coup, nous allons directement jusqu'à Saint John’s, la capitale de Terre-Neuve. Là-bas, nous devrions nous poser un peu et réfléchir à la suite de notre périple...
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