Canada : Celui qui retournait en France
17 oct. 2016Jour 74 : vendredi 02/09/2016
Notre objectif aujourd'hui : choper le bateau à Fortune qui nous conduira vers l’Outre-Mer, et plus précisément sur l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Fortune étant situé à 365 km et 4h de route de Saint John's, nous nous levons de bonne heure à 8h car d'après nos informations, le départ du bateau est prévu pour 15h.
Alors faut pas traîner !
Nous arrivons à 13h30 à Fortune. La billetterie ferme ses portes à 13h45, nous avons encore le temps d'acheter nos tickets pour embarquer.
Comme dirait Guigui, on est large ! 😉
Nous achetons nos billets, un peu cher soit dit en passant (93$/personne) pour seulement une heure de traversée, et payons 50$ pour les cinq jours de stationnement de notre voiture sur leur parking (10$/nuit).
En effet, le bateau pour l'archipel n’embarquant aucun véhicule, nous n'avons pas d'autre choix que de laisser notre mini-van sur leur parking surveillé pendant toute la durée de notre séjour.
Une fois sur le parking, nous préparons nos sacs en quatrième vitesse (quelques vêtements, la tente, le matériel de camping). Et oui, comme d’habitude nous n'avons rien préparé à l'avance.
Et nous pouvons ensuite embarquer,direction la France 🙂.
Oui oui, il s'agit bien d'un petit morceau de France sur le continent nord-américain.
Cet archipel, composé de trois principales îles : Saint Pierre, Miquelon et Langlade (ces 2 dernières étant reliées par un isthme) et situé à 4300 km de Paris, est une collectivité d’outre-mer qui dépend en grande partie de la métropole.
Après plusieurs épisodes de conquête anglaise au cours du 18e siècle, l'archipel est définitivement passé aux mains des français en 1815.
Sa population est majoritairement descendante des basques, des bretons, des normands et des acadiens.
Aujourd'hui, près de 6000 habitants vivent sur l'archipel, la plupart installée sur l'île de Saint-Pierre.
Pendant longtemps, Saint-Pierre-et-Miquelon a vécu essentiellement de la pêche à la morue, mais devenue trop intensive, l'océan s'est quasiment vidé.
Des quotas de pêche ont alors été instaurés en 1992, provoquant une catastrophe pour l'économie de l'archipel (mais une meilleure santé pour l’océan).
Depuis, Saint-Pierre-et-Miquelon tente de se relever grâce à l'industrie du tourisme limitée aux mois d'été (juin-juillet-août), quand le temps est propice aux randonnées et aux sorties en bateau.
En arrivant sur le bateau, j'ai les souvenirs de Thaïlande qui me reviennent soudainement en tête (des vomitos en continu), et j'angoisse d'être malade durant toute la traversée.
Le début du voyage se passe relativement bien mais une fois en pleine mer, ça commence à remuer sur le bateau et dans mon estomac…
Hyper contractée à chaque mouvement de houle, Guigui me trouve le teint un peu jaune…
Finalement, nous arrivons à bon port sans aucun dégât gastrique mais il était temps qu'on arrive !
Le pied à Saint-Pierre, nous reconnaissons aussitôt la France par ses panneaux de signalisation, et puis ici, tout le monde parle français ! 🙂
Nous nous rendons de suite à l'Office de tourisme situé juste en face du port.
N'ayant pas trouvé d'hébergement via couchsurfing, nous avons décidé de camper pour économiser les nuits d'hôtel.
Et la bonne nouvelle, c'est qu'à Saint-Pierre, nous pouvons camper partout ! 🙂
En revanche, pour les douches, ça semble un peu plus compliqué car il n'y a aucune douche publique et la piscine municipale est actuellement fermée pour cause de travaux.
Toutefois, nous aurions éventuellement la possibilité de nous laver au centre de voile.
Après avoir pris toutes les informations nécessaires notamment sur les activités à faire sur l'archipel, nous discutons un moment avec les deux jeunes filles de l'Office de tourisme.
L'une est étudiante en métropole à Lille car à Saint-Pierre-et-Miquelon, il n'y a rien après le lycée, donc les jeunes partent très souvent seuls pour étudier en France. Certains restent en France après leurs études, tandis que d'autres reviennent vite sur l'île.
La deuxième jeune fille, elle, est d'origine alsacienne mais ses parents sont venus s'installer sur un coup de tête à Saint-Pierre-et-Miquelon quand elle avait 10 ans.
Ses études, elle a la chance de les suivre à distance.
C'est la fac de Nancy qui lui envoie les cours de sa licence en littérature anglaise. De plus elle a également la chance de pouvoir passer ses partiels directement sur l'île alors qu'en général, les jeunes doivent passer leurs examens en France, et c'est quand même 1500€ le billet d'avion aller-retour.
En discutant avec ces deux jeunes filles, nous ressentons leur profond attachement pour leur île et c'est chouette que la jeunesse fasse tout son possible pour vivre ici. Cela évite que le territoire ne devienne un village fantôme.
Après ces intéressantes discussions avec ces demoiselles, nous faisons une petite promenade dans le centre-ville.
Le temps est un peu gris et frais à 18h mais le charme du village est bien là.
Ambiance et culture définitivement françaises sur fond de maisons en bois colorées typiques du continent nord-américain, avec ce qu'on appelle les tambours, ces petits halls d'entrée qui permettent d'isoler davantage du froid pendant l'hiver.
Et oui, Saint-Pierre-et-Miquelon a beau être un territoire outre-mer, ce n'est pas le même climat qu'aux Antilles 🙂.
L'île, certes petite et perdue en Amérique du nord loin de la France, bénéficie pourtant de toutes les commodités : les écoles jusqu'au lycée, la bibliothèque, les restos, les bars, la poste, les épiceries dont une Biocoop, le supermarché, un mur de pelote basque, etc… C'est vraiment chouette ici 🙂.
Suite à notre promenade en ville, nous nous rendons au restaurant Le Chat Luthier, tenu par Jean-Guy, un Saint-Pierrais à qui nous avons fait une demande de couchsurfing.
Sa maison étant en travaux, il ne peut malheureusement pas nous héberger mais nous a demandé de passer le voir au resto pour que l'on puisse faire connaissance.
Âgé de 44 ans, Jean-Guy est super sympa et semble avoir pas mal baroudé.
De plus, il tient son restaurant à merveille. Proposant d'excellentes pizzas cuites au feu de bois et les seuls sushis de l'île, le lieu semble très apprécié de la population locale comme des touristes.
Installés au comptoir à sushis, nous passons la soirée à discuter avec Jean-Guy. Il nous raconte notamment la vie sur l'archipel, les choses à faire et à voir absolument.
Et puis, de le voir préparer des makis, ça nous ouvre l'appétit alors nous nous apprêtons à passer une commande quand il nous dit : “non non, c'est pas vous qui choisissez, je vais vous en faire goûter plusieurs”.
Et c'est comme ça que l'on se fait offrir un super repas composé d'une douzaine de sushis chacun 🙂.
Et pas n'importe quels sushis ! Sûrement les meilleurs que nous ayons mangés de toute notre vie !
Au saumon, au thon, aux légumes mais surtout au homard et aux Saint-Jacques ! 😋
Nous qui n'avions jamais mangé de Saint-Jacques crues, nous nous sommes régalés ! Ça fond dans la bouche !
Ici à Saint-Pierre-et-Miquelon, il faut savoir que le homard et les Saint-Jacques coûtent dix fois moins cher qu'en métropole car pêchés directement au bord des îles.
Du coup, ils ne s'en privent pas et ils ont bien raison !
C'est une excellente soirée que nous venons de passer en compagnie de Jean-Guy et sa compagne Anaïs, prof de musique et yoga, qui l'aide aussi à préparer les sushis dans les moments de rush.
Vers 22h30, Jean-Guy nous conduit sur les hauteurs de la ville de Saint-Pierre et nous dépose à l'Anse Saint-Pierre, un endroit sympa où camper pour la nuit.
À cette heure-ci, difficile de voir la superbe vue sur la ville que nous promet Jean-Guy, mais c'est déjà super beau de voir toutes ces lumières.
C'est à la frontale et sous la pluie que nous installons notre tente.
Pas top en terme d'humidité mais nous commençons à avoir l'habitude, il pleut toujours pour notre première nuit en tente 🙂.
Jour 75 : samedi 03/09/2016
Aujourd'hui, c'est notre anniversaire de mariage. Cinq ans déjà !
Et c'est avec d'énormes poches sous les yeux que nous nous réveillons en fin de matinée, car nous avons très mal dormi.
Un peu froid à cause de l'humidité et très mal au cou…
Bref, nous attendons que le soleil se montre pour sortir de la tente et mettre nos affaires à sécher.
C'est en tenue hyper sexy (caleçon de nuit et chaussettes en laine) que nous observons la superbe vue sur la ville (Jean-Guy ne nous avait pas menti) et faisons la connaissance de Frédéric, un français originaire du Nord Pas de Calais, venu à Saint-Pierre-et-Miquelon pour un job de trois mois.
Ancien prof de maths, il est désormais le Mr Météo de l'archipel et travaille pour Météo-France.
Installé sur l'île depuis trois semaines, il se balade tout le temps à pieds ou à vélo et ce matin, il est venu voir la ville depuis les hauteurs, et observer le ciel pour ses précisions météo.
Nous discutons un moment avec lui, et de fil en aiguille, il en vient à nous proposer de passer la nuit chez lui si l'on veut dormir plus au chaud.
Trop gentil ce monsieur ! 🙂
Le programme de la journée était initialement d'aller à la cueillette des bleuets avec une jeune habitante de l'île de Saint-Pierre.
Ne pouvant malheureusement pas nous héberger en couchsurfing, elle nous avait proposé de l'accompagner à la cueillette.
Notre but étant de rencontrer des locaux, nous avions accepté, mais ne sachant pas à quelle heure elle comptait s'y rendre et n'ayant ni internet ni réseau téléphonique avec nos forfaits canadiens, il est difficile de s'organiser.
Du coup, nous préférons passer l'après-midi à nous balader dans la “montagne” située juste au-dessus de notre campement.
La balade est censée être assez courte mais en chemin, nous faisons la connaissance d'un couple de retraités, tous deux natifs de Saint-Pierre aux origines principalement Basques. Nous discutons avec eux pendant plus d'une demi-heure !
Ils sont vraiment gentils. Nous aimons beaucoup les écouter nous décrire la vie ici.
Après cette agréable discussion avec ce couple, nous continuons la balade qui nous donne un joli point de vue sur les falaises de Langlade, la partie basse de l'île de Miquelon.
De retour à notre tente vers 18h, nous plions bagage et retournons en centre-ville pour réserver un resto pour notre anniversaire de mariage.
Ça faisait longtemps que nous n'avions pas baroudé avec tous nos sacs 🙂.
Pour célébrer notre cinquième année de mariage, nous avons choisi de dîner au Feu de Braise, un resto typiquement français.
Et alors que nous nous apprêtons à rentrer pour réserver, nous faisons la connaissance de Jean-Paul, le musicien du groupe qui joue dans le bar situé au rez de chaussée du resto, et qui s'avère être aussi le cousin de Jean-Guy 🙂.
On discute un moment avec lui. Il nous dit qu'ici ce n'est pas un luxe de manger du homard et des Saint-Jacques, c'est même plutôt courant car ça ne coûte vraiment rien ici.
À force de parler, il nous dit qu'il nous hébergerait bien mais il vit un peu plus loin du centre-ville, donc c'est à nous de voir.
Sans blague, on se croirait à l'émission “J'irai dormir chez vous”, ou plutôt “Venez dormir chez moi”.
Nous n'avons même pas besoin de demander l'hospitalité. Les gens sont naturellement hyper accueillants et gentils.
C'est vraiment agréable.
Ayant déjà un hébergement chez Mr Météo, nous déclinons sa proposition mais le remercions grandement pour sa gentillesse.
Le resto réservé, nous allons chez Frédéric rencontré ce matin, pour y déposer nos affaires, prendre une douche et l'apéro avant d'aller dîner.
Un petit moment à discuter avec Fred et nous repartons aussitôt au resto. Fred nous rejoindra au bar plus tard dans la soirée.
Au resto, nous nous faisons plaisir et nous régalons. Ce qui nous change de Terre-Neuve !
D'ailleurs, ici, tout le monde est d'accord pour dire que la nourriture est juste ignoble sur l'île de Terre-Neuve.
Au menu de ce soir, j’opte pour les tagliatelles aux Saint-Jacques et crevettes, sauce pesto, tandis que Guigui choisit le magret de canard à la mangue accompagné de pommes de terre sautées.
Et au dessert, une crème brûlée vanille et une mousse au chocolat 😋.
Nous avons tellement eu de difficultés à manger correctement à Terre-Neuve que nous avons l'impression d'avoir quitté la France depuis des mois…
La bouffe française, c'est définitivement ce qui nous manque le plus quand nous partons à l'étranger 😉.
Après ce succulent repas, nous retrouvons Fred au bar situé juste en dessous du resto.
Autour d'un verre, nous écoutons un groupe (le Voodoo Child) jouer et interpréter des reprises de tout genre.
Et un peu plus tard dans la soirée, nous apercevons Gaston, un monsieur que nous avons rencontré hier soir au restaurant Le Chat Luthier.
Gaston est un phénomène sur l'île, un véritable coureur de jupons 🙂.
Âgé de 77 ans, il n'a pas couru qu'après les jupes.
En effet, il a remporté quelques marathons et autres courses.
Très sportif, il a également joué au foot et au hockey. Il a aussi entraîné la boxe.
Aujourd'hui, il soigne les sportifs, leur fait des massages.
Il est marrant Gaston. Descendant d'une famille Basque, il est un bon vivant, un français typique.
À force de discuter, il est déjà 1h du matin et Gaston nous propose de venir chez lui pour nous montrer sa maison, vieille d'avant 1826, ainsi que tous ses trophées.
Il est vraiment génial ce Gaston ! 🙂
Couchés à 2h du matin chez Fred, la nuit va être courte car demain matin, nous prenons le bateau pour Langlade…
En attendant, c'est bon de dormir dans un vrai lit ! Et la couette est si confortable ! 🙂
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