Canada : Celui qui voulait être un petit colibri au Canada
29 déc. 2016Novembre 2016
D'une manière générale, le mois de novembre nous a été un peu difficile moralement.
Et oui, ça arrive ! Ce n'est pas parce que nous sommes partis vivre une nouvelle aventure loin de chez nous que la vie nous sourit chaque jour.
Voici les différentes raisons de notre petit moment de déprime.
Tout d'abord, la météo.
Ce que je redoutais le plus en venant au Canada, ce n'était pas tant la neige ou le froid, mais plutôt le manque de luminosité. Surtout que depuis que nous vivons dans le sud de la France, nous nous sommes habitués à avoir toujours de la lumière, même par mauvais temps.
Et le mois de novembre au Saguenay a été plutôt pourri.
Une météo chargée en pluie et en nuages, qui ne nous a pas aidé à garder le moral.
La deuxième raison de notre légère déprime a été le manque de travail.
Bien que de mon côté, j'ai trouvé des opportunités de travailler dans le fitness, le plus gros de mon travail ne prendra effet qu'en janvier, et en attendant ce ne sont pas les 2h de cours que je donne par semaine qui vont nous aider à tenir le cap financièrement.
Quant à Guigui, il a beau postuler à différentes offres d'emploi, il n'y a rien qui marche. Personne ne l'embauche !
C'est pas qu'on soit accros au boulot, mais ne pas travailler signifie ne pas gagner d'argent mais continuer à en dépenser (et la vie au Canada coûte cher !).
Pour le moment, nous avons encore des économies sur lesquelles nous pouvons vivre mais à ce rythme-là, nous risquons de rentrer à Montpellier plus tôt que prévu…
Ne pas travailler signifie donc que nous limitons nos dépenses, et franchement, bien que nous ayons toujours fait attention à notre manière de dépenser notre argent, sans nous priver ni être dans l'excès, c'est stressant et fatigant de devoir toujours réfléchir et ne penser qu’aux sous.
Ne pas travailler, qui plus est quand la météo est mauvaise, ça veut dire qu'on s'fait chier.
Et oui, pas de boulot, pas d'argent et pas d'activité en extérieur à cause d'un ciel trop moche.
L'ennui commence à s'installer, et quand on s'ennuie, bah on cogite…
La troisième raison de notre baisse de moral est la différence culturelle.
On a beau être dans un pays occidental développé qui parle la même langue que nous, Guigui et moi nous demandons parfois ce qu'on fout là.
Sommes-nous partis au bon moment ?
Il faut reconnaître que depuis notre retour de notre premier grand voyage, notre nouvelle vie dans le sud nous convenait parfaitement.
Nous avions du boulot, un appartement à nous fraichement rénové par nos soins, de nouveaux amis, du soleil et un confort de vie que nous recherchions et qui nous apportait entière satisfaction.
Malgré tout, nous avions très envie de repartir et la chance d'être tirés au sort pour l'obtention du visa canadien ne se présentant qu'une seule fois, nous n'avions pas envie de passer à côté d'une nouvelle aventure.
Mais alors, qu'est-ce qui cloche ici ?
Cette fameuse différence culturelle.
Alors qu'en France, depuis notre retour de voyage, nous aspirions à une vie encore plus simple et plus saine qu'avant, ici au Québec, et particulièrement au Saguenay, nous sommes baignés dans une société qui va à l'encontre de tous nos principes.
Ici, c'est la société de consommation à outrance ! Tout ce que nous détestons et tout ce pourquoi nous nous battons.
Commençons par l'alimentation.
Ici la bouffe est une véritable catastrophe !
Manger biologique, ce n'est pas impossible mais comme il y en a peu, ça coûte une blinde !
Malgré tout, nous essayons de tenir ce principe, même si ce n'est pas toujours évident dans une société très américanisée (nous savons que les Québécois n'apprécient pas tellement qu'on les compare aux américains mais c'est pourtant la vérité…).
Ne pas manger biologique au Québec, ça signifie manger des OGM, des viandes aux hormones et aux antibiotiques, en plus des pesticides.
Bon appétit !
Pas question de faire rentrer toute cette merde dans notre organisme.
Et quand nous apprenons que le CETA à été approuvé, cela nous déprime encore plus.
L’Europe qui avait pourtant réussi à contrôler un minimum notre agriculture, à refuser les OGM, accepte désormais d'échanger avec le continent américain. Mais qu'est-ce qui va pas chez nos politiques ?!!!
Enfin bref !
Ensuite, il y a tous ces déchets !
Un peu avant de partir au Canada, nous avions commencé à adopter en France une démarche zéro déchet, car écolo ou pas, nous ne pouvons plus produire et consommer autant de plastique.
La planète va mal et nous ne pouvons plus continuer de l'ignorer.
Et bien qu’elle s'en remettra, il en est moins sûr pour l'espèce humaine.
Et parce que nous sommes convaincus que seuls les consommateurs peuvent inverser la tendance et arrêter tout ce merdier, nous nous sommes personnellement engagés à changer notre façon de consommer. Parce que c'est pas le tout de se plaindre mais il faut d'abord balayer devant sa porte avant de critiquer.
Pour cela, nous avions pris l'habitude de limiter au maximum les emballages et d'acheter notre alimentation en vrac.
Fini les sachets plastiques pour les fruits et légumes, fini les paquets de céréales, pâtes, riz, noix, etc…
Mais au Québec, en dehors de Montréal, c'est très compliqué voire même impossible de pratiquer le zéro déchet.
Tout est suremballé !
Quand nous parlons de notre démarche à certaines personnes, elles nous envoient vers des épiceries biologiques qui soi-disant proposeraient du vrac.
Sauf qu'ici, les gens sont complètement à la ramasse et non absolument rien compris au principe du vrac.
Pour eux le vrac ce sont des portions pré-emballées déposées en vrac dans un bocal.
Heuuuu… il est où le principe du zéro emballage ? Et il est où le principe de n'acheter que la quantité dont on a besoin ?
Et quand nous demandons à une employée où se trouvent les aliments en vrac dans le magasin et qu'elle nous dirige vers ces mini-sachets, nous lui répondons évidemment :
Nous : “mais Madame, ce n'est pas du vrac ça ?”
Ce à quoi elle répond en s'emportant légèrement : “oui mais enfin Mademoiselle ! C'est une question d'hygiène aussi !”
Nous pouvons donc en déduire qu'en France, nous sommes des gros dégueulasses à acheter nos aliments en vrac…
Des anecdotes de ce genre, nous en avons plein.
Nous ne disons pas qu'en France c'est parfait, pas du tout !
Mais au moins en France, nous avons le choix.
Nous avons cette liberté d'acheter de l'emballé ou pas.
Ici, nous n'avons pas le choix ! Il n'y a pas d'autres alternatives.
Du coup, nous n'avons pas trouvé de meilleure solution que d'acheter le plus gros de notre alimentation dans un magasin entrepôt nommé Costco, le summum de la surconsommation !
Chez Costco, c'est le festival de l'emballage, mais c'est le seul magasin où nous trouvons des produits biologiques moins onéreux parce que vendus en grosse quantité.
Donc nous en sommes rendus là au Québec !
Bien loin de nos idéologies...
Voilà comment manger en tenant ses principes commence à devenir compliqué.
En gros si nous refusons les emballages, et bien nous ne mangeons plus rien.
Donc nous subissons, malgré nous.
À Montréal, Louis (qui nous avait hébergé en Air b'n'b au mois de juillet) nous avait dit une fois, qu'en Europe et notamment en France, nous étions bien plus en avance qu'eux sur le sujet de l'écologie.
Nous ne nous en rendions pas encore compte mais il avait raison.
Comme quoi, il est important d'aller voir ce qu'il se passe ailleurs de temps en temps pour s'apercevoir que chez nous ce n'est pas si mal.
Voilà en gros les raisons de notre coup de moins bien de ce mois de novembre.
Cette réalité qui nous effraie et que nous refusons de subir, nous fait réfléchir à des projets de vie futurs, en France.
C'est quand même dingue ça !
Nous sommes à 6000 km de chez nous, de notre plein gré en plus, pour vivre une nouvelle aventure dans notre vie, et nous envisageons des projets en France ?
À tel point que nos seules lectures du moment sont en lien avec le sujet.
Les films et documentaires que nous regardons sont également en lien avec le thème. Et nous ne saurons que vous les recommander pour vous informer davantage de la gravité du problème qui se pose aujourd'hui partout dans le monde.
- Demain, réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent. Un film documentaire très intéressant qui recense avec optimisme les initiatives et les solutions face aux défis environnementaux, partout dans le monde. Nous avons beaucoup aimé ce film pour sa positivité.
- Before the flood (avant le déluge), produit par Leonardo Di Caprio et qui aborde le thème du changement climatique. Nous avons bien aimé ce film également parce qu'il présente clairement la gravité du problème, que plus personne ne peut continuer de nier.
- Captain Fantastic, une comédie dramatique jouée notamment par Viggo Mortensen. C'est l'histoire d'un père et de ses six enfants, vivant isolés dans la forêt, mais qui, suite à une tragédie, se voient forcés de faire face à la société capitaliste, une triste réalité qui les rattrape. Nous avons adoré ce film parce que beaucoup d'humour, d'émotions et de réflexion sur notre façon de vivre. Un film que nous affectionnons tout particulièrement.
- I am, un documentaire tourné par et avec Tom Shadyac, ce réalisateur américain de comédies telles que Bruce Tout Puissant et Ace Ventura, et qui, après avoir frôlé la mort, décide de partir, caméra au poing, à la rencontre d’intellectuels et de scientifiques afin de trouver les réponses aux 2 questions qui l’obsèdent : "Qu’est-ce qui ne va pas dans le monde actuel ?" et "Que peut-on faire pour améliorer la situation ?".
Pour conclure, une mauvaise météo, du chômage et un choc culturel sont les ingrédients parfait pour cogiter et remettre en question notre voyage.
Toutefois, nous ne nous laissons pas abattre et choisissons de vivre au mieux notre voyage.
Comme dirait mon amie Cécile, l'important c'est d'être un petit colibri et de faire de son mieux 😉.
Et pour ceux qui ne connaîtraient pas l'histoire du petit colibri, tirée d'une légende amérindienne, la voici :
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : "Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! "
Et le colibri lui répondit : "Je le sais, mais je fais ma part."
Ici au Saguenay il nous est difficile d'acheter en vrac. Tant pis, nous achetons biologique, ce qui est déjà une démarche écologique.
Nous n’achetons pas d'eau en bouteille mais buvons l'eau du robinet.
Nous confectionnons notre propre dentifrice afin de limiter les déchets que sont tous ces tubes (s'en viennent bientôt le déo et le shampoing).
Je choisis de me rendre à pieds à mon travail (20’ de marche) même par temps très froid, afin de limiter ma consommation d'essence.
Des petits gestes quotidiens, il y en a plein. Nous savons que nous sommes capables de faire beaucoup plus mais malheureusement, aujourd'hui c'est notre terre d'accueil qui nous limite…
Nous ne sommes pas venus ici pour nous pourrir la vie non plus, mais pour autant il nous est important de respecter nos valeurs, et en l'occurrence notre planète.
Tout doit être RESPECT.
Notre aventure canadienne nous fait prendre conscience de notre engagement pour cette cause qu'est l'environnement et qui nous tient à cœur.
Maintenant que nous avons accepté nos limites, nous pensons davantage à la tournure que prendra notre deuxième partie de voyage dès le printemps, ce qui nous permet de retrouver le moral et de rêver à nouveau 🙂.
Les semaines à venir s'annoncent bien meilleures pour notre moral.
En effet, la neige s'installe de plus en plus, ce qui signifie que Guigui va davantage travailler, et donc refaire une santé à notre compte en banque.
De plus, la neige qui apporte beaucoup plus de lumière, égaye nos journées et nous permet, pendant nos temps libres, de profiter davantage de la nature qui nous entoure, l'une des principales raisons de notre installation dans la région du Saguenay-Lac Saint-Jean 🙂.
Des hauts et des bas, c'est aussi ça le voyage 🙂.
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