Canada - Celui qui découvrait l'histoire des Métis
12 janv. 2018Jour 334 : mardi 23/05/2017
Après avoir visité le parc national de Prince Albert, nous reprenons la route plus au sud de la province de la Saskatchewan et roulons 160 km en un peu moins de deux heures pour arriver jusqu'au village de Batoche, un lieu historique national.
Ça fait longtemps que nous n'avons fait de visites culturelles qui nous en apprennent davantage sur l'histoire de la province.
En l'occurrence, ce village reconstitué évoque l'histoire des Métis de la région dans les années 1870.
Pour rappel, les Métis sont le fruit d'une relation entre les français et les Premières Nations qu'on appelle également autochtones.
Le village de Batoche est fondé en 1872 lorsque près de 1200 pionniers, majoritairement des Métis, viennent s'y installer.
En 1884, la région compte près de cinquante parcelles familiales en bord de rivière.
Au début, les Métis (descendants de marchands de fourrure français et de femmes amérindiennes) vivent principalement de la chasse du bison et du commerce de la fourrure.
Mais le gouvernement canadien de l'époque cherche à occuper l'ouest du pays en y envoyant des anglais d'Europe et souhaite relier le pays d'un océan à l'autre à l'aide d'une voie de chemin de fer.
Le style de vie des Métis change donc radicalement et le bison se faisant de plus en plus rare, le commerce de la fourrure devient moins profitable, alors ils se mettent à l'agriculture.
En voyant l'imposture des européens prendre place près de chez eux, les Métis s'inquiètent de leur avenir et se mettent à protester. On reconnaît bien là l'origine française 😉.
Ils veulent avoir le droit d'habiter où leurs propriétés familiales sont déjà établies.
Ils veulent des titres juridiques attestant qu'ils sont propriétaires de leurs terres et revendiquent le droit de participer aux affaires des Territoires du Nord-Ouest, qui à l'époque, s'entendaient jusqu'au nord de la Saskatchewan.
Mais comme d'habitude, les colons blancs arrogants n'accordent aucune importance aux revendications des peuples issus des Premières Nations, et encore moins à celles provenant de “sangs mêlés” comme on appelait à l'époque les personnes issues d'un métissage franco-amérindien.
Les anglais veulent s'approprier tout l'ouest canadien coûte que coûte, incluant les terres de ce paisible village qu'est Batoche.
S'en suit une bataille de quatre jours du 9 au 12 mai 1885 entre les anglais et les Métis, aidés de près par les peuples natifs autochtones et dirigés à l'époque par Louis Riel, lui-même un Métis condamné à ce moment-là à l'exil aux États-Unis pour avoir fait tuer un monsieur pas très gentil et plutôt raciste nommé Thomas Scott.
Louis Riel est un homme politique canadien, chef du peuple Métis dans les prairies canadiennes et fondateur de la province du Manitoba.
N'ayant pu apprendre son histoire lors de notre séjour au Manitoba parce que tous les lieux historiques de Winnipeg étaient encore fermés jusqu'à aujourd'hui, nous avons donc consulté l'Encyclopédie internet pour en savoir davantage sur le bonhomme 😉.
Louis Riel était un militant qui dirigeait différents mouvements contre le gouvernement canadien dans le but de protéger les droits et la culture des Métis.
Le 16 novembre 1885, Louis Riel est condamné à la pendaison pour trahison, et malgré les revendications des Québécois qui voient en Louis Riel un exemple de la communauté francophone, la sentence reste inchangée.
Le Premier Ministre de l'époque, Sir John Macdonald, anglophone, déclare même : « Il sera pendu, même si tous les chiens du Québec aboient en sa faveur ».
Ça en dit long sur l'ambiance qui régnait déjà dans le pays entre les francophones et les anglophones...
Revenons sur la bataille de Batoche.
Bien qu'au nombre de 200 seulement, les Métis combattent avec acharnement pendant quatre jours, mais malheureusement perdent la bataille parce que les anglais sont bien plus nombreux au combat.
Certains Métis se voient forcés de quitter le village de Batoche, soit parce qu'ils ont perdu leurs familles au combat, soit parce que leurs maisons ont été incendiées.
Les quelques familles qui décident de rester rebâtissent leurs maisons, rénovent leurs fermes et l'économie recommence à croître jusqu'à l'arrivée de la voie de chemin de fer en 1890 marquant la fin de la prospérité.
Sur les lieux, nous pouvons visiter l'église et le presbytère de l'époque où se déroulait la classe, ainsi que le cimetière où reposent bon nombre de Métis tombés durant la bataille.
Comme cela est souvent proposé dans les lieux historiques de Parcs Canada, nous visionnons un film racontant l'histoire du village de Batoche, une étape intéressante sur notre route vers l'ouest du pays.
Moralité : depuis toujours, les Blancs, les Riches et donc les plus Puissants se sont toujours crus autorisés à agir à leur guise en conquérant des terres qui ne leur appartiennent pas, ne respectant jamais leur prochain.
Triste est de constater qu'aujourd'hui, les choses n'ont pas tellement changé, que ce soit à propos des relations entre francophones et anglophones ou des relations avec les Premières Nations d'une manière générale, même si nous avons l'impression que les choses tendent à aller vers le mieux.
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