Canada - Celui qui faisait du volontariat à Whitehorse
06 août 2018Jour 462 à 504 : du mercredi 1er novembre au jeudi 14 décembre 2017
Aujourd'hui, 1er novembre 2017, nous quittons notre housesitting chez Max et Miléna, rentrés de leurs vacances depuis déjà cinq jours. N'ayant pas d'autre endroit où aller vivre en attendant notre prochain hébergement, ils ont gentiment accepté de nous garder chez eux quelques jours de plus.
Cela nous a bien arrangé car passer cinq jours et quatre nuits dans le van par le froid glacial qui s'est installé à Whitehorse depuis plusieurs semaines (on parle facilement de températures avoisinant les -20°C), cela aurait été assez pénible et difficile. Merci les copains !
C'est donc aujourd'hui que nous déménageons et partons vivre dans le quartier de Long Lake, de l'autre côté de la Yukon River. Une zone particulièrement calme et bordée de nature, parfaite pour se ressourcer, mais suffisamment éloignée de la ville (environ 4km) pour que les déplacements deviennent pénibles sans véhicule, les bus étant inexistants.
Mais le centre ville est à dix minutes grand maximum de la maison.
Durant les six prochaines semaines, nous ferons du volontariat chez Amber, l'une de mes étudiantes en français (pour rappel, j'enseigne à des adultes ).
La manière dont ce volontariat se présente est assez improbable.
Ne voyant aucun logement se profiler à l'horizon pour passer un hiver tranquille, et les fraîches températures étant déjà bien installées, cela fait déjà plusieurs semaines que je regarde les sites de volontariat tels que Wwoofing, HelpX et Workaway dans le but de trouver un hébergement gratuit en échange d'une mission de volontariat pas trop pourrie, et si possible même, intéressante.
Je repère sur le site Workaway une petite ferme située proche de la ville, en recherche permanente de volontaires, avec des missions plutôt axées sur la construction, pour 20-25h par semaine. Ça semble vraiment chouette.
Nous hésitons longtemps à envoyer une demande à cette ferme pour effectuer ce volontariat, et le moment venu de le faire, le planning affiche des besoins qu'à partir de décembre !
Merde ! On a trop attendu ! Ce volontariat nous est passé sous le nez…
Et puis un jour, alors que je demande à mes étudiantes de français de se présenter dans la langue de Molière, l'une d'entre elle confie à la classe qu'elle a une fermette à Long Lake. Elle s'appelle Amber.
Tiens tiens, c'est bizarre, j'ai l'impression d'avoir déjà eu connaissance d'informations identiques. Amber...une ferme...Long Lake...
Mais oui mais c'est bien sûr ! Cette fille, Amber, a tout l'air d'être la propriétaire de la fermette repérée quelques semaines plus tôt sur le site de Workaway !
Après le cours, j'engage une discussion avec elle pour m'assurer qu'il s'agit bien de la personne que je crois. C'est effectivement la fille trouvée sur le site Workaway.
La discussion se poursuit. Je lui confie notre désir de faire du volontariat chez elle mais que visiblement, elle ne peut plus recevoir de volontaires, faute de place.
Là, elle me répond que ça peut s'arranger car elle a un couple de volontaires qui devrait finalement partir plus tôt que prévu, et que ça lui ferait plaisir de nous héberger, surtout par cette période si froide.
Elle propose même que nous gardions nos emplois à temps partiel en parallèle si nous le souhaitons, ainsi, elle pense que si nous avons quelques revenus qui rentrent et des activités autres que celles du volontariat, nous serons plus épanouis et cela créera une meilleure ambiance au sein du groupe.
J'aime son raisonnement !
Elle en parle avec son copain Erik, j'en parle à Guigui, et voilà comment on se retrouve à faire du volontariat chez l'une de mes étudiantes en français.
Nous aimons assez l'état d'esprit d’Amber, qui essaie d'être écolo du mieux qu'elle peut, à son niveau. Tout n'est pas parfait, ça c'est certain mais au moins elle essaie de faire de son mieux.
Sa fermette est très mignonne. Elle dispose de plusieurs grosses jardinières dans lesquelles elle fait pousser ses légumes biologiques durant l'été.
Évidemment, à cette saison, tout est recouvert de neige et de glace.
Nous débarquons donc chez elle en ce mercredi 1er novembre aux alentours de 20h30, après la journée de travail et le dîner.
Amber nous présente son copain Erik ainsi que leurs deux chiens : Finn (le marron) et Gram (le blanc aux magnifiques yeux vairons).
À l'extérieur comme à l'intérieur de sa maison, son ameublement est principalement issu de la récup et du bricolage .
Amber et Erik étant chasseurs (oui oui, les femmes canadiennes chassent aussi, elles sont incroyables !), nous découvrons dans leur salon quelques trophées de leurs précédentes chasses, tels que ce crâne d'orignal aux énormes bois ainsi que la tête d'un mouflon de Daal.
Elle nous montre également notre hébergement pour les six prochaines semaines et c'est dans une Tiny House que nous dormirons.
Mais alors une très très petite maison.
En bas, deux fauteuils et une petite table sur laquelle sont installées cafetière et théière, et à l'étage, la chambre qui se compose uniquement d'un matelas en 120 cm de large et d'une lampe de chevet.
La petite maison n'est absolument pas isolée pour l'hiver car initialement, elle a été construite pour être une cabane à outils.
Mais finalement, la cabane à outils s'est transformée en hébergement à louer l'été via le site Air B’n’B, une source de revenus supplémentaire pour le jeune couple.
Du coup, pour ne pas avoir trop froid, nous disposons d'un petit chauffage électrique d'appoint mais surtout de deux fantastiques couettes fourrées de duvet, super chaudes et confortables.
Nous n'avons jamais froid la nuit, et c'est tant mieux car à l'extérieur, le thermomètre peut descendre à -30°C certains soirs !
La preuve que nous n'avons absolument pas froid dans cette petite maison pourtant glaciale est que nous pouvons sans problème dormir nus sous ces épaisses couettes. Pas pire non ?
Ce n'est peut-être pas le grand confort mais au moins, nous avons notre intimité, ce qui est vraiment très appréciable.
Et surtout, quelle magnifique vue sur la ville avons-nous depuis la fenêtre de notre chambre !
C'est encore plus beau la nuit avec les éclairages de la ville.
Ensuite, pour ce qui est de l'entretien de la maison, Amber souhaite que nous préparions quelques repas (là encore, c'est souvent moi qui m'y colle, Guigui étant bien meilleur mangeur que cuisinier ), que la maison reste relativement propre, et que le chien, Finn, soit promené à raison de 45 minutes maximum par jour.
Guigui étant trop occupé aux travaux de construction, c'est souvent moi qui vais promener le chien, et ce pour mon plus grand plaisir.
Ça me fait ma balade du jour, juste au-dessus de la maison, sur le sentier que l'on appelle couramment : la crête de l'hôpital. Une crête qui part de l’hôpital de Whitehorse et qui se poursuit assez loin au-dessus des habitations de Long Lake.
Je n'y promène que Finn car Le deuxième chien, Gram, a la fâcheuse habitude de se sauver. Une fois détaché dans le bois, il rebrousse chemin en courant jusqu'à la maison…
En missions relatives à la ferme, je suis chargée deux fois par semaine, de trier les fruits et légumes qu’Amber reçoit d'un commerçant et qui ne sont plus bons à la vente. Elle les récupère, je les trie. Je conserve les plus beaux pour notre consommation personnelle, les moins beaux sont donnés aux poules et les pourris vont au composte.
Amber et Erik récupèrent des fruits et légumes en hiver quand ils n'ont plus de réserve de leurs récoltes d'été, mais ils mangent également leurs propres poulets, dindes et canards.
Une première fois, nous nous sommes attaqués aux deux dindes. C'est Erik qui se charge de les égorger tandis que je m'occupe de les plumer, à l'extérieur, par un froid glacial.
Mon syndrome de Reynaud me rappelle vite à l'ordre en me gelant les doigts…
Plumer une dinde, ce n'est pas si facile. Leurs plumes sont très dures et il me faut parfois les retirer à l'aide d'une grosse pince.
La deuxième fois, j’assiste à toutes les étapes.
C’est Amber qui tue les quatre coqs tandis que je me charge du plumage, beaucoup plus facile à effectuer sur des poules que sur les dindes, les plumes étant plus fines, la peau de l'animal également.
Puis Amber me montre comment vider la bête pour ensuite la mettre à cuire dans un bouillon.
Pour moi qui aimerais un jour avoir mes propres poules, c'est assez intéressant .
Guigui, lui, est surtout missionné à l'avancée des travaux de la nouvelle maison.
En effet, Amber et Erik construisent une deuxième maison, accolée à celle dans laquelle nous vivons actuellement, en exploitant en majorité l'espace qui servait plutôt d'entrepôt et de garage jusqu'à peu de temps.
Un très gros chantier effectué en grosse partie par Michaël, un volontaire savoyard plutôt doué de ses dix doigts .
Quand nous arrivons dans cette mission de volontariat, le plus gros est fait (charpente, toiture, murs…) mais il reste encore beaucoup de travail de finition à faire.
Guigui passe énormément de temps à faire de l'enduit de lissage et des bandes de calicot sur les murs en placo.
Je l'aide souvent pour le ponçage.
Il se charge également de monter l'intégralité de la cuisine Ikéa.
Quant à moi, dans cette partie doté de construction, je suis chargée de la peinture, les garçons n'aimant pas cette activité tandis que moi, je l'apprécie. Peindre des plinthes, des cadres de portes, de fenêtres, des murs, et que sais-je encore, ça me relaxe. C'est un peu ma méditation.
Ces six semaines passées chez Amber nous fatiguent énormément, d'une part parce que mine de rien, nous travaillons beaucoup entre le volontariat et nos emplois.
Bien souvent, nous n'avons que le dimanche de congé.
D'autre part, nous vivons la période la plus difficile de l'année pour les habitants du Yukon d'une manière générale, celle du manque de lumière.
En effet, nous perdons chaque jour de précieuses minutes d'ensoleillement, et ce jusqu'au solstice du 21 décembre, jour le plus court de l'année.
Le passage à l'heure d'hiver n'aidant pas, le soleil se lève vers 10h le matin (mais le temps qu'il émerge pépère, nous n'avons pas de lumière avant 10h15/10h30 en décembre), pour se coucher vers 16h (mais il fait déjà super sombre à 15h30).
C'est la première fois que nous vivons un hiver yukonnais et nous savions que les courtes journées allaient arriver tôt ou tard. Il n'empêche que cela nous est assez difficile de vivre ce manque de luminosité, surtout pour moi.
Mais ne nous plaignons pas. Dans la ville de Dawson située 600 km plus au nord, ils ont des journées encore plus courtes qu'à Whitehorse.
Quant aux bleds situés au-delà du cercle polaire, comme Inuvik dans les Territoires du Nord-ouest ou Old Crow dans le Grand Nord du Yukon, ils sont plongés huit semaines durant dans le noir total pendant 24h, pour ensuite voir à peine la lumière du jour quelques minutes à quelques heures les deux-trois premiers mois de l'année.
Généralement, pendant notre jour de congé, nous ne faisons pas grand chose à part nous reposer et notamment dormir plus longtemps le matin.
Toutefois, il nous arrive d'aller nous balader deux petites heures derrière la maison, sur la crête de l'hôpital par exemple (que Guigui ne connaît pas parce qu'il n'est pas chargé de promener le chien ).
De là-haut, la vue sur la ville, la rivière et les montagnes qui nous entourent est vraiment belle.
Et ce ciel du nord en hiver nous offre toujours de belles couleurs.
Aussi, un autre dimanche, nous sommes allés nous promener autour de Long Lake, ce lac complètement gelé et sur lequel nous pouvons marcher sans risque .
Cette nature totalement figée par l'hiver est absolument superbe.
On se croirait parfois dans un conte...
Quand nous ne marchons pas dans la nature, nous allons nous promener en ville.
À l'approche des fêtes, l'ambiance de Noël n'est, à notre sens, pas aussi marquée qu'en Europe.
Cela s'explique sûrement par le fait que les marchés de Noël ont lieu en intérieur et non dehors.
Nous y faisons quelques amplettes pour nos familles et amis en France.
Nous assistons également à la parade de Noël.
Sans vouloir être rabat-joie, nous trouvons ce défilé de gros pick-up et camions publicitaires particulièrement naze.
Nous n'y voyons aucune magie ni aucune féérie, uniquement des publicités pour des compagnies. C'est étrange…
Heureusement que les lumières de la ville sauvent un peu le décor.
Enfin, Guigui a eu l'occasion d'accompagner Erik à la chasse au bison, accompagné de deux copines d’Amber.
Amber étant enceinte de quatre mois, il ne lui est pas vraiment recommandé d'aller chasser et ensuite porter la bête en cas de prise…
Erik étant le seul homme de la troupe, la venue de Guigui et de ses gros muscles est la bienvenue .
Comme dirait Erik, la chasse n'est rien de plus qu'une randonnée, armé d'un fusil.
En effet, ils passent leur journée à marcher dans le froid glacial (-30°C ce jour-là !), à la recherche de la bête.
Partis vers 7h ce matin, notre joyeuse troupe est de retour à la maison vers 19h, complètement crevée et broucouille .
Pas de bison certes, mais de beaux paysages capturés à la place .
Bien qu'il nous soit toujours un peu difficile parfois de trouver notre place au sein d'une famille et de jouir d'une totale liberté lorsque nous faisons du volontariat, ce séjour de six semaines chez Amber nous aura été très bénéfique.
Il nous a permis de faire une belle rencontre. Nous resterons d’ailleurs en contact avec Amber pendant tout le reste de notre séjour à Whitehorse.
Elle nous a offert un toit et des repas vraiment bons. Ses différents voyages influencent beaucoup sa cuisine, et ce pour le plus grand plaisir de nos papilles .
Et quand il nous prend une folle envie de manger un plat traditionnel français, nous pouvons compter sur Michaël, le volontaire savoyard, pour nous préparer une raclette rapportée directement de Savoie. Miam !
Ce volontariat nous aura permis également d'approfondir nos connaissances en construction et rénovation, et ce, surtout grâce à Michaël qui connaît vraiment bien le sujet.
Un volontariat est toujours intéressant car il nous permet de réfléchir davantage à nos futurs projets, ce qu'on ferait et ce que l'on ne ferait surtout pas.
Nous sommes le 14 décembre 2017 lorsque nous quittons ce volontariat, une aventure et expérience de plus dans notre voyage canadien.
Jusqu'à présent et d'une manière générale, nous apprécions beaucoup notre hiver yukonnais. Pourvu que ça dure !
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