Canada - Celui qui ne payait pas de loyer à Whitehorse (partie 4)
30 sept. 2018Du 28 décembre 2017 au 6 février 2018
Notre 4ème housesitting
Après avoir séjourné deux semaines chez Myriam pendant son séjour en Asie durant la période de Noël, nous enchaînons avec un nouveau housesitting et c'est dans la maison de Brian et Lucille que nous habiterons ces six prochaines semaines, toujours gratuitement.
Ce couple canadien anglophone part un mois et demi en vacances en Thaïlande, et ils ont besoin de quelqu'un pour s'occuper de leur immense maison ainsi que de leurs animaux domestiques au nombre de trois : Dozer, un chien de 7 ans environ, résultat d'un drôle de croisement (tête de labrador, long corps mais super court sur pattes),
Cookie (de son vrai nom Oreo-Cookie…oui oui c'est naze comme nom), également âgée de 7 ans et certainement la chienne la plus moche que l'on est connue jusqu'à présent,
et enfin Howard, le chat incontinent et diabétique âgé d'environ 18 ans.
Toutes ces bêtes ont été récupérées et adoptées par Brian, qui est complètement gaga avec ses animaux (le genre à se rouler par terre et à se faire la lécher la face par ses “bébés” comme ils les appelle).
C'est la première fois que nous devons nous occuper de chiens, l'expérience est donc toute nouvelle pour nous, et malheureusement, bien que les chiens soient très gentils et attachants, cette expérience de housesitting ne sera pas la meilleure.
Voici pourquoi.
Tout d'abord, à deux reprises, nous devons gérer les blessures de Dozer.
À peine cinq jours après notre installation dans cette maison, ce chien, complètement surexcité quand nous le promenons dans le bois, ne trouve rien de mieux à faire que de se perforer l'aisselle (si on peut appeler ça comme ça pour un chien).
En effet, un peu avant d'aller nous coucher en ce mardi 02 janvier, vers minuit, nous remarquons que Dozer semble marcher avec difficulté. Il boitille un peu.
Nous l'auscultons rapidement et remarquons un trou d’environ 1cm de diamètre à la jointure entre sa patte avant droite et l'abdomen. Nan mais un trou quoi !
Nous pouvons voir le muscle à travers !
Heureusement (et bizarrement aussi), il ne saigne pas, c'est déjà ça.
Malgré tout, nous nous inquiétons un tantinet.
D'abord parce que nous n'y connaissons rien en chien, et encore moins en blessures de chien, et aussi parce que ce dernier n'est pas le nôtre. Nous nous en sentons donc d'autant plus responsable.
Nous appelons aussitôt le vétérinaire mais à minuit, celui-ci ne se déplace que pour des cas d'urgence. Et visiblement, un chien troué à l'abdomen, ça n'est pas une urgence, cela peut attendre demain matin.
Nous nous couchons donc à 1h du matin, assez inquiets, et passons une très mauvaise nuit. Et si le chien claquait pendant la nuit ?
Fort heureusement, le lendemain au réveil, Dozer est toujours vivant et nous obtenons un rendez-vous très tôt le matin chez le vétérinaire. Quand Guigui revient à la maison avec Dozer, il m'annonce que la blessure n'est que superficielle. Ouf !
Comme nous le pensions, il se serait blessé lors de notre dernière promenade en sautant comme un con sur un bâton tranchant enfoui dans la neige. Bien joué l'artiste !
Le chien est sous antibiotiques pour cinq jours. Pas de pansement ni aucune suture de faite car la plaie n'a quasiment pas touché le muscle.
Nous devons juste veiller à ce qu'il ne lèche pas sa plaie. À moins de passer 24h/24 avec lui, ça risque d'être compliqué de le surveiller…
Ça, c'était la première catastrophe…
Deux semaines plus tard, au retour d'une autre promenade, nous remarquons que Dozer (encore lui !) a l'une de ses griffes qui saigne.
Après vérification rapide, il a effectivement une griffe à moitié arrachée. On peut y voir la chair en-dessous. Beurk… !
Rebelote, nous prenons aussitôt rendez-vous avec le vétérinaire qui nous rassure en nous informant qu'il s'agit d'une blessure assez courante chez les chiens, surtout quand les sentiers en forêt sont quelque peu glissants comme ils peuvent l'être en ce moment à cause des températures qui ne font que osciller entre -8° et 3°C.
La mi-janvier 2018 est une période qui connaît plusieurs redoux. Plusieurs fois, nous nous sommes promenés sans manteau !
De plus, selon le vétérinaire, le chien aurait les griffes un peu trop longues et c'est pour cela qu'il se serait blessé plus facilement.
Toujours est-il que Dozer doit être opéré et se faire arracher sa griffe pour qu'une autre puisse repousser correctement.
Mais pour cela, il nous faut l'accord du propriétaire.
Nous informons donc Brian de cette nouvelle péripétie. Il donne sans hésiter son accord au vétérinaire pour opérer son chien, et au passage n'hésite pas à nous faire remarquer que depuis tant d'années, c'est la première fois qu'il arrive autant de mésaventures à son chien.
Il prend le soin de nous rappeler que ses chiens sont ses bébés et que nous devons en prendre le plus grand soin.
Ses bébés, ses bébés...il est drôle lui !
Si ses animaux sont ses bébés comme il le prétend, alors pourquoi les abandonnent-ils à des inconnus pendant six semaines pour aller se faire dorer la pilule en Thaïlande ? Est-ce que des parents laisseraient leur enfant à de parfaits inconnus pour une si longue période ?
Trop c'est trop. Je n'aime pas du tout ses sous-entendus qui tendent à dire que nous ne sommes pas de sérieuses personnes.
Je lui renvoie aussitôt un e-mail et met les choses au clair avec lui.
Je lui rappelle que nous faisons notre maximum pour ses chiens, que nous nous privons même de quelques soirées entre amis car nous ne pouvons pas quitter la maison en soirée ne serait-ce pour quelques heures sans que Dozer ne se mette à vomir partout où à gratter les tours de porte.
Je lui rappelle que les aller-retour en journée pour aller voir ses chiens, parce qu'il faut éviter de les laisser seuls plus de trois ou quatre heures, ou parce qu'il faut leur donner à manger à heure fixe, (à 16h30, horaire qui fout bien la journée en l'air), tous ces aller-retour nous coûtent quand même de l'argent en essence.
Je l'informe que nous promenons ses chiens tous les jours, deux fois par jour et généralement trente à quarante cinq minutes à chaque fois, quand les températures le permettent (en deçà de -25°C, ils ne tiennent pas plus de 10-15 minutes dehors…) mais que malgré tout, ce n'est pas de notre faute si son chien se blesse en permanence.
Je lui signale que, bien que je comprenne parfaitement qu'il soit inquiet pour ses animaux, je n'apprécie que modérément ses sous-entendus qui insinuent que nous ne sommes ni sérieux ni responsables alors que nous faisons notre maximum, jusqu'à nous sentir parfois prisonniers dans sa maison.
Il ne faut pas oublier que ce sont eux les animaux de compagnie et pas l'inverse...
Toutefois, s'il croit sincèrement que nous ne faisons pas l'affaire, nous pouvons aussi bien mettre un terme à ce housesitting s'il pense trouver quelqu'un d'autre pour s'occuper de ses animaux.
Cet e-mail suffit à remettre les pendules à l'heure puisque Brian nous présente aussitôt ses excuses pour avoir été maladroit avec nous.
Excuses acceptées.
Lorsque nous parlons de cette expérience de housesitting avec des amis qui ont des chiens, tous sont assez d'accord pour dire que Dozer ne doit pas avoir l'habitude de courir autant et que c'est sûrement parce que nous le promenons plus souvent qu'à l'accoutumée qu'il se blesse à répétition. Des blessures de fatigue en quelques sortes.
Nos amis sont certains qu'en réalité le propriétaire ne balade pas autant ses chiens.
Et nos copains voient juste puisqu'au retour de Brian, nous lui racontons les sentiers empruntés lors de nos promenades journalières avec les chiens (sentiers qu'il nous avait lui-même recommandés avant de nous confier ses chiens) et il s'avère que Brian nous confie n'être jamais allé si loin ou si longtemps dehors avec Dozer et Cookie…
Et effectivement, lors de son retour, alors qu'il nous a gentiment proposé de rester trois nuits de plus chez lui en attendant notre prochain housesitting, nous remarquons qu'il ne promène ses “bébés” qu'une fois par jour en fin d'après-midi après sa journée de travail, et jamais plus d'une demie-heure.
Alors pourquoi nous avoir demandé de les sortir deux fois quotidiennement avec des temps limités selon les températures ??? Je me le demande !
Pourquoi avoir exigé que nous fassions plus que lui-même ne fait ?
Nous comprenons mieux maintenant pourquoi Dozer était si content et foufou de sortir et pourquoi il s'est blessé à deux reprises…
Cela explique également pourquoi après chaque balade, les chiens étaient complètement crevés, affalés sur le plancher à roupiller.
Trop de sport ! Certains diront même du surentraînement, haha .
Garder ces deux chiens est donc relativement contraignant pour nous mais malgré tout, ce housesitting nous fait découvrir un nouveau quartier de Whitehorse, celui de Porter Creek, et ses balades alentours.
C'est fou comme si proche de la ville nous pouvons facilement nous échapper dans le bois, le temps d'une pause dans son quotidien.
A tout moment de la journée, la lumière est très belle dans ce paysage enchanteur.
Howard, le chat incontinent et diabétique qui a droit à un lit double pour lui tout seul, est moins pénible à garder. Il est effectivement un gros pisseur mais il a toujours pris le soin de faire dans sa caisse, qu'il fallait nettoyer chaque jour.
Ses miaulements de vieux chat sont parfois un peu effrayants (on croirait entendre un zombie) mais c'est sûrement ce qui arrive quand on vieillit…
Durant ce séjour de six semaines à Porter Creek, nous connaissons tous les temps.
Des redoux qui nous permettent de sortir en simple pull aux grosses chutes de neige nous obligeant à déneiger le tour de la maison.
C'est chouette de loger gratuitement dans une maison tout confort, nous ne dirons pas le contraire, surtout en plein hiver à Whitehorse, mais Guigui et moi ne comprenons toujours pas cette obsession de vouloir à tout prix une si grande maison.
Brian et Lucille ne sont que deux dans cette maison. On peut même dire qu'à la base, Lucille y vit seule puisque Brian ne l'a rejoint que depuis peu de temps.
Et pourtant, cette maison de près de 200 m², bien que possédant quasiment tout le confort dont on peut rêver, est très mal conçue.
Il y a une perte d'espace incroyable (seulement trois chambres dont une réservée au chat), et des pièces absolument inutiles comme ce deuxième salon énorme en bas avec sa petite télévision. On croirait que c'est à celui qui aura le plus de biens matériels, toujours plus et toujours plus gros.
Dans la cuisine, tout est en de nombreux exemplaires : 4 ouvre-boîtes (pourquoi ???), une vingtaine de tasses (pour quoi faire ???), une bonne dizaine de boîtes de thé, bref, les placards sont pleins à craquer de matériel mais pas vraiment de bouffe… étrange non ?
Dans le salon, la télé est définitivement trop grande pour la surface de la pièce. Elle nous fait plus mal aux yeux qu'autre chose.
Bien que nous ne regardions plus la télé depuis un an et demi (et elle ne nous manque absolument pas), nous profitons malgré tout de celle de nos propriétaires durant ce séjour pour regarder des films en version originale et ainsi me faire progresser en anglais tout en regardant de nouveaux films ou des programmes que nous connaissons déjà par cœur (Friends, le Roi Lion).
Du moins, ça c'était pas notre objectif. Mais la télévision canadienne est inondée de publicités ! Selon le programme (film, série télévisée ou émission), il y a toutes les 10 minutes une publicité de plus de 5 minutes. Parfois il y en a même une juste après le générique de début d'une série !
Tellement de publicités que ça n'est plus du tout un plaisir de regarder un film.
Nous préférons nous en passer .
Cette expérience de housesitting nous aura bien arrangé, il faut bien le reconnaître. Il nous a permis d'avoir un hébergement gratuit, chaud et confortable pendant six semaines, mais bien que cette maison puisse en faire rêver plus d'un, Guigui et moi ne nous y sommes pas sentis à notre aise du tout.
Le concept des grandes maisons et du toujours plus de biens matériels n'est définitivement pas fait pour nous.
Il est même loin de ce qui peut nous faire rêver…
Pas sûr non plus que nous réitérerions l'expérience de housesitting avec des chiens… nous avons trouvé que c'était bien trop de responsabilités, particulièrement ici au Yukon (ou au Canada en général) où les animaux domestiques sont vraiment traités comme des enfants, si ce n'est mieux parfois. Après les enfants rois, les chiens et les chats rois...
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