Canda/USA - Celui qui partait en weekend sur la boucle de l'or
27 nov. 2018Cette semaine, nous profitons d'avoir plusieurs jours de congé à la suite pour partir en long weekend en-dehors de Whitehorse.
Nous sommes tout excités à l'idée de reprendre la route et de dormir à nouveau dans le van.
Même si ce n'est que pour quatre jours, nous avons l'impression de repartir à l'aventure, et cette sensation est assez enivrante .
C’est en Alaska que nous décidons de nous changer les idées.
L’Alaska, cette immense terre de glace et d'eau qui voit serpenter dans son territoire environ trois mille cours d'eau, pour la plupart alimentés par la fonte des glaciers, et plus de trois millions de lacs.
Son plus long cours d'eau est le fleuve Yukon, celui-là même sur lequel nous avons navigué à l'été 2017 pendant près de deux semaines, mais seulement sur la partie canadienne. Le fleuve se poursuit ensuite bien plus loin jusque dans la mer de Béring.
C'est en Alaska que se dresse également le point culminant des États-Unis, le Mont McKinley, haut de 6194 mètres.
L’Alaska, quarante-neuvième et plus grand état américain, sans frontière commune avec les autres territoires des États-Unis, presque trois fois plus grand que la France métropolitaine, est la voisine du Canada par le Yukon et la Colombie Britannique, et se situe à un saut de puce de la Russie par le détroit de Béring.
L'Alaska, qui signifie “la grande terre” en langue autochtone Aléoute, compte également plus de huit cents îles dont une partie se trouve enclavée à l'est dans la Colombie Britannique au Canada, l'autre partie à l'ouest formant l'archipel volcanique des Aléoutiennes, nom donné par les Aléoutes, peuple originaire de Sibérie orientale et qui s'est établi sur ces terres il y a douze mille ans.
Dans ce territoire bordé par cette fameuse ceinture de feu du Pacifique, existent de vastes déplacements tectoniques avec des glaciers en mouvement, des volcans en éruption et des tremblements de terre de magnitude élevée.
L'Alaska, c'est aussi, surtout pour Guigui et moi, le souvenir de ce film tant de fois visionné : Into the wild, racontant l'histoire de Christopher McCandless, jeune diplômé américain promu à un bel avenir mais qui préfère tourner le dos à la vie confortable et sans surprise que la société moderne et de consommation lui offre pour vivre l'aventure à travers les États-Unis. Un voyage qui le conduit en Alaska et le fait réfléchir à travers la solitude en pleine nature sauvage, à ce qu'est réellement le bonheur.
Un très beau film de Sean Penn que nous avons vu plusieurs fois et que nous ne nous lassons pas de regarder.
Mais les lieux qu'a exploré le héros de ce film biographique étant trop loin de Whitehorse pour se visiter le temps d'un weekend prolongé, nous choisissons de découvrir la région sud-est de l'Alaska, coincée entre le Yukon et la Colombie Britannique du Canada.
Nous effectuons la boucle de l'or, un parcours de 600 km qui part de Whitehorse et nous emmène jusqu'au village de Haines en Alaska, en passant par le parc national de Kluane (au Yukon) et le col Haines dans le parc Tatshenshini-Alsek au nord de la Colombie Britannique, pour ensuite rejoindre Skagway en ferry, un autre village mythique du temps de la Ruée vers l'or, avant de revenir à Carcross et enfin “à la maison” à Whitehorse.
Jour 634 : jeudi 26/04/2018
Nous quittons Whitehorse vers 10h ce matin. Une heure et demi plus tard, nous arrivons à Haines Junction au parc national de Kluane.
Avant d'aller découvrir le territoire alaskain, nous profitons de la belle météo pour faire quelques randonnées dans le parc de Kluane.
Nous commençons par une courte marche de 5,5 km effectués en une heure et demi sur le site de la rivière Dezadeash.
Malgré un début de balade assez chouette, cette courte et très facile randonnée ne figure pas parmi nos plus belles et mémorables.
Nous poursuivons ensuite avec une deuxième courte randonnée nommée Glacier rocheux (ou Rock glacier en anglais). Cette marche de 3 km aller-retour que nous effectuons tranquillement en une heure et demi nous plaît davantage que la précédente.
En effet, nous avons, sur ce sentier de pierriers, tout le loisir d'apprécier une vue dégagée sur les lacs et montagnes environnantes.
Autrefois, ce glacier était recouvert de glace. Aujourd'hui, il a disparu et il n'en reste que des roches, d'où son nom de glacier rocheux.
C'est quand même fou de s'imaginer qu'à une époque lointaine, il y avait des mètres et des mètres de glace sous nos pieds !
Après avoir effectué ces deux courtes randonnées, nous souhaitons en faire une troisième et dernière pour la journée, le sentier St-Elias. Malheureusement, le ciel se couvre énormément et quelques flocons de neige commencent à tomber.
Nous décidons donc de quitter le parc de Kluane et de nous diriger vers le col Haines (Haines Pass) afin de nous rapprocher de la grosse randonnée que nous souhaitons faire demain dans le parc Tatshenshini-Alsek.
Le printemps n'est pas une période évidente pour randonner. A certains endroits, ils y a encore trop de neige pour marcher à pieds, à d'autres la neige est trop mouilleuse, rendant la promenade assez désagréable, à pieds comme en raquettes.
Ou alors, les sentiers plus exposés au sud sont boueux à cause de la fonte des neiges…
Mais plus nous nous rapprochons du col Haines et plus le paysage se replonge dans un décor tout blanc.
Nous prenons de l'altitude, ce qui explique que les montagnes alentours soient autant recouvertes de neige et que les températures deviennent plus fraîches.
C'est magnifique !
La route de Haines est à couper le souffle.
En chemin, nous apercevons un jeune et bel orignal gambadant le long de la route.
Pas peureux pour un sou, il se laisse observer pour ensuite reprendre prudemment sa route.
Nous nous arrêtons au parking de la randonnée Samuel Glacier que nous souhaitons effectuer demain, une longue marche de 21 km.
La quantité de neige que nous voyons tout autour nous met le doute quant à entreprendre ou non cette randonnée de huit heures de marche aller-retour…
Par chance, nous apercevons deux hommes sur ce même parking, semblant revenir d'une virée à skis.
Nous prenons quelques informations sur l'état du sentier et l'un des gars est formel. Le sentier n'est praticable qu'en ski ou en raquettes mais sûrement pas à pieds. La neige peut facilement atteindre les genoux ou les hanches.
Bon, bah il est clair qu’étant seulement équipés de nos bottes de neige, nous ne pourrons pas effectuer cette randonnée.
Nous sommes un peu déçus mais il faut se rendre à l'évidence, sans raquettes à nos pieds, la rando ne va pas être une partie de plaisir.
Tant pis ! Nous la ferons plus tard dans la saison lorsque la neige aura totalement disparu.
Nous reprenons la route et nous installons sur une petite aire de repos plutôt chouette pour passer la nuit.
Le décor est vraiment incroyable, les nuages de fin de journée faisant régner une ambiance toute particulière autour de ces divines montagnes.
Lorsque nous décidons de nous coucher vers 23h, le thermomètre indique une température de seulement 2°C. Pas chaud chaud !
Mais tout va bien aller. Enfermés dans un premier sac de couchage prévu pour -10°C en température limite et recouverts de notre deuxième sac de couchage ramené de France et prévu pour une température limite de +10°C, nous ne nous inquiétons pas d'avoir froid.
Que c'est bon de dormir à nouveau dans notre van !
Jour 635 : vendredi 27/04/2018
Au réveil ce matin, il fait frisquet. Le thermomètre affiche -6°C et nos vitres sont gelées !
Difficile de sortir de nos sacs de couchage quand il fait froid à l'extérieur mais nous prenons notre courage à deux mains et nous mettons en mouvements rapidement.
À 10h, nous reprenons la route.
Au revoir très belle et exceptionnelle vue qui a régalé nos yeux depuis notre van-hôtel.
Merci à ce décor de nous avoir accueillis hier soir avec les nuages accompagnés de quelques flocons, apportant une lumière de toute beauté, puis de nous avoir baignés dans le soleil à notre réveil ce matin, nous laissant découvrir ces superbes montagnes blanches qui le dessinent.
Merci Mère Nature .
Nous roulons désormais en direction de la deuxième randonnée que nous souhaitions effectuer durant le weekend, à seulement une dizaine de kilomètres de notre campement : Three Guardsmen, un sentier de 7 km, toujours dans le parc Tatshenshini-Alsek et qui demande environ 5h de marche avec un dénivelé de 780 mètres.
Une fois encore, la quantité de neige est telle que nous avons de la difficulté à trouver le sentier.
Randonner dans ces conditions sans raquettes est décidément trop compliqué voire même dangereux alors nous abandonnons une fois de plus l'idée de randonner à la Haines Pass.
Nous ne sommes plus qu'à 20 km de l'Alaska !
La route n'a de cesse de nous éblouir et de nous impressionner par la beauté des paysages.
Nous nous arrêtons à environ 5 km de la frontière américaine pour faire cuire les légumes que nous avons emportés avec nous et qui ne passeront probablement pas la frontière. Et oui, les douaniers américains ont des consignes très strictes à respecter concernant le passage de denrées alimentaires et généralement, ils ne laissent passer aucun fruit ou légumes frais et encore moins les agrumes, ni les viandes ou poissons.
Mais par souci de ne pas gaspiller, nous nous laissons espérer qu'il n'y aura aucun problème à laisser entrer notre chou et nos oignons cuits et mélangés à nos pâtes...
Nous profitons de cet arrêt “cuisine” pour aller jeter un œil dans les environs de la frontière. Une petite balade de vingt minutes qui nous conduit à une carrière.
Rien de bien intéressant mais le paysage reste beau à regarder.
Et voir cette table de pique-nique coincée dans une si grosse épaisseur de glace est toujours fascinant à observer.
Nous roulons les cinq derniers kilomètres sur le sol canadien et nous voici arrivés à la frontière.
Contrairement à ce que nous redoutions, les douaniers américains ne font pas du tout leurs “cowboys”. Ils se montrent plutôt agréables et ne fouillent même pas la voiture.
De simples questions nous sont posées concernant la possession d'alcool, d'armes à feu et si nous envisageons de travailler en Alaska.
Le douanier prend le temps d'observer chaque tampon de nos passeports (et il commence à y en avoir un paquet), se souciant uniquement de nos éventuels voyages en pays “interdits” ou non recommandés selon les États-Unis, à savoir la Syrie, la Libye, le Soudan, la Somalie, l'Irak, le Yémen et bien d'autres encore…
Ah l'Amérique ! Leur manque d'ouverture d'esprit est toujours aussi consternant…
Après avoir rapidement répondu aux différentes questions posées, nous remplissons un formulaire, laissons nos empreintes digitales, nous faisons prendre en photo et payons un peu moins de 7$US chacun pour obtenir notre visa américain valable trois mois.
Et le tour est joué !
Youhou ! Nous sommes en Alaska !!!
Le premier territoire américain que nous visitons !
Non loin de la frontière, nous faisons une pause à l'une de leurs nombreuses aires de repos le long de la route pour manger et savourer les paysages qui nous entourent.
Les montagnes, de plus en plus présentes, nous impressionnent tant elles sont imposantes.
Nous poursuivons notre route jusqu'à Haines, totalement silencieux et émerveillés par le décor.
Et nous voici arrivés, le temps désormais de changer d'horaire puisqu'en Alaska, il est une heure de moins qu'au Yukon. Il est donc 14h, heure locale, lorsque nous arrivons.
Après avoir pris différentes informations auprès du centre d'informations touristiques, nous allons jusqu'au quai du ferry pour réserver notre trajet jusqu'à Skagway, parce qu'évidemment, nous ne savions pas avant ce matin que nous allions effectuer la boucle de l'or.
Notre mode de voyage ne change pas. Nous improvisons jour après jour .
Le prix de la traversée d'une heure de Haines à Skagway est de 32$US par passager, mais parce que nous sommes encore en basse saison, le conducteur a droit à un rabais de 50% ce qui signifie que Guigui ne paye son billet que 16$US.
Ensuite, il y a un prix pour la voiture qui dépend de sa taille. Nous payons 57$US pour la traversée de notre mini-van.
Ce qui fait un total de 105$US, soit près de 140$CAD et 92€. Ce n'est pas donné mais on s'attendait à beaucoup plus cher…
Les billets achetés, nous retournons vers le village et nous arrêtons un moment pour admirer la vue et observer les canards par centaines près de la berge.
Des aigles à tête blanche également volent au-dessus de nos têtes. C'est dans ces moments-là que nous sommes bien contents d'avoir investi dans des jumelles .
A 15h45, nous partons pour une première randonnée à Haines : la Seduction Point Trail dans le parc Chilkat, une marche de 6,8 miles.
Et oui, non seulement nous avons reculé notre montre d'une heure depuis notre arrivée dans cet état américain mais nous devons également convertir les miles (la mesure américaine) en kilomètres.
En sachant qu'1 mile vaut 1,6 km, nous allons donc entreprendre une rando d'environ 11 km.
La journée étant déjà bien avancée, nous ne faisons pas la balade au complet.
Toutefois, tout au long de la randonnée, il y a plusieurs arrêts possibles où contempler de beaux points de vue.
Le début du sentier se situe donc dans le parc Chilkat au sud de la ville, dans le quartier de Mud Bay.
La balade en forêt est plutôt agréable. La terre recouverte de mousse est bien molle et toute cette mousse partout autour de nous donne un aspect féerique à la forêt.
Les mois d'avril et mai étant la saison de la fonte des neiges, certains passages trop boueux sont, fort heureusement, aménagés de petites planches en bois nous permettant de traverser les zones humides sans difficulté.
En quarante cinq minutes de marche, nous atteignons le premier point de vue, Moose Meadow.
Nous continuons de serpenter le sentier, tantôt dans la forêt, tantôt en-dehors, mais allons aussi de criques en criques et longeons les plages rocheuses.
En chemin, nous voyons le beau glacier Davidson qui, malheureusement, diminue de taille d'année en année.
Nous marchons jusqu'à la crique Twin-Cove et y restons un moment pour observer la nature et apprécier la symphonie du vent.
L'endroit nous fait un peu penser à la Bretagne avec cette côte pacifique sauvage et ce vent qui souffle en permanence dans nos cheveux, à la différence que tout autour, se dressent d'impressionnantes montagnes.
C'est bon de voir et de sentir à nouveau la mer. Cela fait un an et demi depuis notre séjour dans les provinces maritimes que nous vivons et voyageons uniquement dans les terres. La mer nous avait manqué.
Après ce moment de méditation, nous rebroussons chemin jusqu'à la voiture. Le paysage est tout aussi beau sur le retour, la lumière du soleil couchant le rendant même quelque peu différent.
Cela nous fait bien sourire aussi de voir le symbole de la paix dessiné en chemin avec des crottes d'orignal .
De retour à la voiture vers 20h, nous partons à la recherche d'un restaurant ou dîner et jetons notre dévolu sur le Fireweed Restaurant, un endroit où règne une bonne ambiance.
Les plats sont principalement préparés avec des ingrédients locaux et tant que possible issus de l'agriculture biologique, ou en tout cas la plus naturelle. Tout ce que nous soutenons .
Dans ce resto, aucune boisson de type Coca-Cola, Pepsi et autres cochonnerie. Le thé glacé que je commande est totalement naturel et fait maison.
Guigui choisit une bière locale brassée à Haines.
Les plats sont délicieux et copieux mais un peu chers, il faut bien l'admettre, surtout le poisson. Déçus de ne pas pouvoir manger du poisson frais et local à un prix raisonnable, nous régalons malgré tout nos estomacs avec un savoureux gratin de pâtes.
De quoi bien dormir après ça, dans un petit coin tranquille où nous stationnons notre mini-van.
Jour 636 : samedi 28/04/2018
À 9h30 ce matin, nous sommes prêts pour notre première randonnée de la journée, la deuxième dans la région de Haines.
Et c'est sur le sentier Battery Point que nous attaquons la journée, une marche de 6 km environ aller-retour.
Randonnée un peu boueuse mais agréable malgré tout.
Encore beaucoup de mousses vertes qui enchantent la forêt habitée par des très hauts arbres.
Une petite pause s'impose sur ce banc de fortune pour observer ce bras de mer.
Ce qui est frappant et impressionnant à Haines, c'est de voir toutes ces immenses et imposantes montagnes s'élever depuis leur base située au niveau de la mer, dans l'océan Pacifique.
Pour Guigui et moi qui commençons à avoir l'habitude de nous promener dans les montagnes, ce n'est pas quelque chose de commun que d'observer des montagnes sortant directement des profondeurs de l'océan.
La marche se poursuit sur un sentier étroit longeant le bord de mer pour s'enfoncer de nouveau dans une forêt verdoyante, offrant toujours de très beaux points de vue sur le fjord Lynn Canal, le plus long et le plus profond du monde.
Arrivés au bout de la balade, nous nous octroyons une deuxième pause sur des rochers, non pas que nous soyons fatigués de marcher mais la vue sur l'océan est si belle qu'il nous est difficile de ne pas nous arrêter pour contempler un paysage si magnifique et reposant.
A cette saison, nous assistons à la migration de pas mal d'oiseaux qui, après avoir passé leur hiver au chaud dans le sud, sont de retour dans le nord du continent.
Dans cette région d'Alaska, la météo plus clémente qu'au Yukon nous permet d’admirer une centaine de canards juste devant nous, observation échouée lorsque nous avons souhaité observer la migration des cygnes au lac Marsh quelques jours plus tôt.
A partir de ce sentier, il est tout à fait possible de poursuivre la randonnée jusqu'au Mont Riley, plus haut sommet de la péninsule Chilkat au sud de Haines, mais nous préférons nous y rendre cet après-midi par un autre chemin.
Nous faisons donc demi-tour, ne nous lassant pas de voir ces mêmes paysages si splendides.
Effectuer le même chemin en sens inverse nous permet également de voir cette source passer directement en-dessous de ce beau tronc d'arbre, phénomène que nous n'avions étrangement pas remarqué à l'aller.
Après nous être promenés pendant près de 2h30 ce matin, nous sommes de retour à la voiture pour une pause casse-croûte face au Mont Ripinski le long de la route.
Les vues ne sont pas toujours déplaisantes sur les parkings…
Un peu d'écriture et de lecture pour digérer notre repas et nous repartons, un peu avant 14h, sur le sentier du Mont Riley, pour y découvrir une vue imprenable depuis ce plus haut sommet de la péninsule Chilkat.
La randonnée, qui s'effectue en aller-retour, est d'une longueur d'environ 9,5 km, soit environ cinq heures de marche prévue.
Nous en mettrons quatre heures et demi.
Le premier quart d'heure de marche s'effectue sur un sentier en forêt pas mal boueux mais à mesure que nous prenons de la hauteur, nos pieds foulent une terre plus sèche et plus agréable.
Pour admirer l'une des plus belles vues de la région, si ce n'est la plus belle, il nous faut monter 461 mètres de dénivelé pour atteindre le sommet du Mont Riley.
Le sentier ne sort jamais de la forêt et nous croisons une vive rivière facile à traverser, expliquant mieux les raisons de la forte humidité qui règne au début du sentier.
Puis, gagnant en altitude, c'est sur un sentier encore enneigé et même parfois gelé que nous devons poursuivre notre marche.
Rien de bien difficile mais nous sommes contents d'avoir emporté avec nous nos crampons qui nous permettent de marcher plus sereinement, sans risque de nous casser la binette.
Mine de rien, le sentier est raide pour arriver jusqu'au sommet, mais les quelques morceaux de ciel bleu et de montagnes que nous apercevons nous indiquent que nous ne devons plus être très loin de l'arrivée.
Et voilà, nous y sommes. La vue est effectivement à couper le souffle. Nous ne trouvons pas les mots pour décrire une telle beauté des paysage.
La vue à 360° qui surplombe les montagnes nous permet d'apercevoir la ville de Haines au loin, mais aussi des glaciers et de voir distinctement le fameux passage intérieur, ce bras de mer qui s'étire sur 860 km et permet de rejoindre les différentes îles de la région sud-est.
Au nord, le bras de gauche, c'est celui qui amène à la rivière Chilkat, tandis que celui de droite rejoint Haines puis Skagway un peu plus haut.
Nous restons une bonne demi-heure au sommet, totalement ébahis face à ce décor incroyable. Un long moment à observer aux jumelles ces fantastiques montagnes qui surgissent de la mer ainsi que tous ces aigles à tête blanche en train de planer au-dessus de nos têtes.
Nous resterions bien encore ici mais le vent se lève, nous refroidit et nous devons redescendre avant qu'il ne soit trop tard pour aller savourer une délicieuse pizza au même restaurant qu'hier.
C'est une journée bien remplie qui s'achève, nous promettant une belle nuit de sommeil.
Jour 637 : dimanche 29/04/2018
Ce matin, nous faisons tranquillement un petit tour à pieds dans la ville de Haines, à commencer par le presbytère protestant qui accueille pas mal de monde en ce dimanche pour la messe de 10h. Cette église fût la première construite à l'arrivée des premiers colons missionnaires en 1880.
Cette cloche a donc été la première à être sonnée dans cette bourgade de pêcheurs qui n'a pas vu le jour grâce à la Ruée vers l'or mais bien à cause de la venue des missionnaires.
Le haut de la ville nous offre également une jolie vue sur le port.
Nous passons ensuite devant le musée le plus improbable qui existe, le musée du marteau, évidemment fermé en ce dimanche.
Bien qu'il ne s'agisse pas d'un bâtiment historique, les objets qui se trouvent à l'intérieur révélerait l'histoire des homosapiens à travers les marteaux.
Egalement partout en ville, nous pouvons voir le drapeau américain fièrement exposé. On sent le patriotisme dans le pays. En Alaska, le drapeau américain est toujours accompagné du drapeau alaskain qui se compose de 8 étoiles de couleur or représentant le “grand chariot” de la Grande Ourse ainsi que de l'étoile polaire, le tout sur un fond bleu foncé.
Ce drapeau fût dessiné en 1927 par Benny Benson, un orphelin de treize ans, dans le cadre d'un concours destiné à créer un drapeau pour le territoire de l'Alaska. Son dessin a été choisi parmi plus de sept cent dessins d'écoliers dans toute l'Alaska.
Un drapeau récent donc, issue d'une belle initiative .
Nous poursuivons notre visite de la ville de Haines en nous arrêtant dans une boutique de souvenirs.
Nous n’y achetons rien car c'est toujours compliqué pour nous d'accumuler des affaires et des souvenirs dans notre vie de nomade mais nous aimons toutefois beaucoup le principe que tout soit fabriqué à la main et de façon locale. Nous pouvons ressentir qu'à Haines, le local a vraiment son importance.
Nous aimons tout particulièrement cet autocollant qui parle de lui-même
A 11h30, nous sommes au port, prêts à embarquer dans le ferry qui nous conduit à Skagway.
Nous avons souvent entendu dire que la traversée du sud-est de l'Alaska en bateau était vraiment très belle.
Malheureusement pour nous aujourd'hui, le ciel chargé en gros nuages nous cache la visibilité sur le paysage.
La traversée reste toutefois agréable.
A 13h, toujours heure alaskaine, nous arrivons à Skagway, connue pour son sentier Chilkoot que les prospecteurs empruntaient pour se rendre dans les champs aurifères.
Une ville complètement différente de Haines. Ici, l'architecture des bâtiments ressemble beaucoup à celle de Dawson, rappelant l'époque de la Ruée vers l'or du début du XXème siècle.
Le centre ville semble très très touristique avec toutes ces bijouteries et boutiques de souvenirs. On y voit quasiment que ça !
Nous trouvons cela bien dommage de voir une ville transformée ainsi en foire à touristes…
Par contre, la saison estivale n'ayant pas encore commencé, nous pouvons voir à quoi ressemble la ville hors saison sans avoir à affronter la horde de touristes.
Et bien, il n'y a pas grand chose à voir ni à faire. C'est très très calme. Presque tous les commerçants sont fermés.
Nous faisons un petit tour de la ville et ne manquons pas évidemment de voir le fameux train qui amenait autrefois les chercheurs d'or jusqu'au au col White.
Et cet espèce de gros ventilateur que nous voyons à l'avant du train servait à déneiger la voie ferrée. Quand on voit la taille de la souffleuse, on a du mal à imaginer la quantité monstrueuse de neige qu'il pouvait y avoir sur la voie.
Nous aimons beaucoup aussi cette statue qui illustre bien l'expédition de l'époque. Bien souvent, un peu comme les sherpas du Népal, c'étaient des hommes issus des Premières Nations qui ouvraient le chemin aux prospecteurs, à la différence que les chercheurs d'or étaient tout aussi chargés que les autochtones, contrairement aux sherpas népalais qui se voyaient et se voient toujours porter des charges monstrueusement lourdes pour leurs clients.
Enfin, nous concluons notre séjour en Alaska et notamment à Skagway par la découverte du cimetière Gold Rush situé en forêt, tout proche de la voie ferrée.
Dans ce cimetières, reposent plusieurs personnalités marquantes de l'histoire de la ville de Skagway.
Nous pouvons également constater que plusieurs personnes à l'identité inconnue y sont enterrées.
Depuis ce cimetière, il est possible en moins d'une heure, de rejoindre les Reid Falls, quelques petites cascades en forêt.
La fin d'après-midi arrive et il est temps pour nous de rentrer “à la maison”. Whitehorse n'est plus qu'à 175 km de Skagway, par une route absolument sublime.
Jusqu'au poste frontière de Fraser en Colombie Britannique, nous longeons la voie ferrée historique du Klondike qui aujourd'hui, ne transporte plus des prospecteurs mais des touristes en passant par le col White.
Une voie de chemin de fer construite dans la montagne, c'est assez fascinant quand on y pense, surtout pour l'époque.
Alors que nous n'avions que très peu de neige en bord de mer à Skagway, il nous suffit de parcourir quelques kilomètres seulement pour gagner en altitude et voir le paysage sombrer dans le blanc le plus total.
Les lacs sont encore pas mal gelés à cette époque-ci de l'année. Nous sommes pourtant bientôt au mois de mai, un mois qui évoque généralement le printemps, le retour des beaux jours et des douces températures.
Pas dans le Grand Nord.
Nous comprenons mieux maintenant pourquoi les lacs sont si froids en plein été .
Une bien belle route que nous empruntons jusqu'à Whitehorse et qui clôture en beauté notre weekend prolongé .
Ce territoire ne cessera jamais de nous surprendre et de nous émouvoir.
Petit résumé en vidéo :)
Commenter cet article