Jour 704 : jeudi 05/07/2018

 

Après avoir réfléchi pendant des mois quant à la possibilité de prolonger notre séjour au Canada et notamment au Yukon, une fois notre PVT terminé, nous nous sommes enfin décidés à faire une demande de permis de travail et plus précisément une mobilité francophone via le travail de Guigui.

 

Une mobilité francophone, c'est quoi ? Un permis de travail fermé consistant à travailler exclusivement avec un seul et unique employeur pendant une durée limitée.

Le gouvernement canadien cherche en effet à accueillir plus de francophones dans son pays (hors québécois), c'est pourquoi il a mis en place ce type de permis de travail dans le but de faire venir des francophones principalement d'Europe.

C'est ce que Guigui compte obtenir avec son employeur chez Coast Mountain Sports pour une durée d'un an, jusqu'en mai 2019.

De mon côté, en tant qu’épouse, je me suis rattachée à sa demande afin d'obtenir un permis de travail ouvert me permettant de travailler où bon me semble, comme c'est déjà le cas avec mon PVT actuel.

 

Notre but en demandant ce nouveau permis de travail est de pouvoir prolonger notre séjour au Yukon, territoire que nous apprécions beaucoup depuis déjà un an que nous y vivons. Nous aimerions l’explorer et le découvrir davantage le temps d'une année.

 

Dans nos esprits, il n'est pas question d'immigrer au Canada et de faire notre vie dans ce pays. Pour le moment, nous souhaitons juste prolonger notre séjour en ayant la possibilité de travailler légalement car soyons honnêtes, les sous partent drôlement vite au Canada quand on n'y travaille pas.

Et puis, sait-on jamais que nous n'envisagions pas de demander un jour une résidence permanente ?

Nous devons bien reconnaître qu'en voyant le climat social et politique qui règne en France ces temps-ci, nous pensons parfois à vivre ailleurs ou d'avoir la possibilité d'aller et venir dans les deux pays comme bon nous semble.

Disons que la vie au Yukon y est paisible et que ça n'est vraiment pas désagréable. C'est même assez reposant.

 

C'est donc dans le seul but de rester plus longtemps au Yukon que Guigui a enclenché, au mois de mai, la procédure administrative avec son employeur pour obtenir ce fameux permis de travail.

 

Cinq semaines plus tard, nous recevons une réponse de l'immigration, malheureusement négative.

En effet, notre demande de permis de travail via la mobilité francophone nous a été refusée pour le motif suivant : emploi demandé non qualifié.

Et oui, nous ne le savions pas avant d'en faire la demande, mais la mobilité francophone n'est valable que pour les emplois qualifiés et clairement, le boulot de vendeur qu'occupe Guigui chez Coast Mountain Sports ne l'est pas. Il est vrai que n'importe quel canadien pourrait occuper ce poste et qu'il n'est, en théorie, pas nécessaire d'embaucher des étrangers pour ce genre de travail.

 

Mais la réalité est tout autre au Yukon. Ici, les Canadiens ne veulent pas de ce travail car il est beaucoup trop mal payé par rapport au coût de la vie sur le territoire. C'est vrai que 14$/heure, ce n'est pas cher payé…

Résultat, seuls les étudiants canadiens acceptent d'y travailler à temps partiel. Le reste de l'équipe étant composée que d'étrangers en PVT ou en processus d'immigration canadienne, principalement des Européens.

Quand ils ne sont pas indiens, les vendeurs de chez Coast Mountain Sports sont généralement français, anglais, belges, tchèques ou encore espagnols.

 

Alors évidemment, tout le monde est déçu que nous n'obtenions pas ce permis de travail.

Nous les premiers car étant persuadés que l'immigration allait nous l'accorder, nous nous étions déjà fait plus ou moins des plans pour la prochaine année (la vie en cabane dans le bois, les vacances, les sorties d'été comme d'hiver, etc…).

Nous devons bien reconnaître qu'en apprenant la mauvaise nouvelle par e-mail, nous avons d'abord rigolé parce que nous n'y croyions pas vraiment, mais très vite, nous avons compris que tous nos projets tombaient à l'eau et qu'il allait falloir rebondir sur autre chose.

 

Ensuite, ce sont nos différents employeurs qui ont dû accuser le coup, à commencer par la responsable de Guigui qui comptait vraiment l'intégrer dans l'équipe. Comme dit précédemment, en raison du faible revenu horaire, les Canadiens ne souhaitent pas travailler pour le magasin, qui reste donc en constant recrutement. Toute l'année, ils recherche des vendeurs pour solidifier les équipes, et pour cela, la responsable sait qu'elle ne peut compter que sur les immigrants tels que Guigui.

Ce qui l'a déçoit surtout et la laisse dans l'incompréhension, c'est qu'elle est en demande de recrutement, qu'elle a un salarié déjà formé, motivé et compétent sur place, et que c'est le gouvernement lui-même qui a mis en place cette mobilité francophone pour faciliter le recrutement de francophones au Canada. Et malgré tout, un profil comme celui de Guigui est refusé.

Sa responsable semble un peu désemparée et nous pouvons parfaitement le comprendre.

Tout ceci n'a aucun sens, mais c'est comme ça.

 

La responsable de Guigui, qui tient absolument à le garder dans son équipe, lui propose une alternative pour lui faire obtenir un permis de travail.

Elle lui propose de lui faire ce qu'on appelle un programme de nominé (propre au Yukon), qui est un permis de travail fermé également, exclusif à un seul employeur, mais sur une durée de dix-huit à vingt-quatre mois, le but étant d'obtenir la résidence permanente en bout de ligne.

Voilà qui nous donne de quoi réfléchir, d'autant que de mon côté, j'aurais également de quoi remplir mon emploi du temps avec des boulots bien payés ici et là, ne demandant pas trop d'heures de travail (cours de fitness, cours de français, des emplois à temps partiel à l'association franco-yukonnaise, etc…).

 

Depuis notre arrivée au Yukon, jamais nous n'avons souhaité demander ce genre de permis de travail car il s'agit d'un engagement beaucoup trop long selon nous. De plus, il ne peut s'agir que d'un emploi à temps plein, soit 40h/semaine et ça, bah ça ne nous enchante pas vraiment à tous les deux. Surtout pour quatorze balles de l'heure !

 

Et alors que certaines personnes mettent fin à leur programme de nominé du jour au lendemain bien avant son terme, Guigui et moi n'avons pas pour habitude de planter nos employeurs, surtout si ces derniers s'investissent pour nous obtenir des papiers. C'est une question de principe et de respect.

“Ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas que l'on te fasse”.

Mais sommes-nous prêts à rester au Yukon pour deux ans encore ?

Pour le moment, nous n'avions envisagé qu'une seule année supplémentaire jusqu'au printemps prochain et cela nous convenait parfaitement, l'idée étant ensuite de poursuivre le voyage ou de rentrer en France pour de nouveaux projets.

Deux ans, c'est quand même long !

 

La responsable de Guigui, qui comprend notre point de vue, lui accorde du temps pour y réfléchir et nous apprécions vraiment cette attitude.

 

Nous sommes donc le 5 juillet 2018. Nous venons d'apprendre que notre demande de permis de travail avait été refusée.

Il nous faut désormais réfléchir à la suite : demander un permis pour une plus longue durée signifiant rester au Yukon pour encore deux ans, poursuivre le voyage avec les dollars canadiens que nous avons économisés au cours de ces dix derniers mois, ou bien rentrer en France.

Toute cette réflexion nous accapare tellement que nous en oublions le retour de Kristin et Gary du lendemain, ce couple qui nous a confié leur maison et leur chienne le temps de leurs vacances. A leur retour, la maison n'est ni rangée ni nettoyée.

 

Quand bien même nous déciderions de rester deux années supplémentaires au Yukon en passant par ce fameux programme de nominé, les papiers ne se feront pas en un jour, ce qui signifie que nous avons de toute façon, un peu de temps libre devant nous, alors autant en profiter pour reprendre la route et voyager au nord du Yukon, partie du territoire que nous ne connaissons pas encore…

 

Et c'est reparti pour un road trip ! smiley

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