USA - Celui qui séjournait à Hawaï : 3 semaines sur Big Island (Partie 2)
30 avr. 2019Jour 802 : jeudi 11/10/2018
Aujourd'hui, nous partons visiter le parc national des volcans.
A cause des nombreux tremblements de terre qui ont eu lieu en mai 2018 (environ 500 séismes au total dont 25 ressentis), le parc s'est vu obliger de fermer son accès aux visiteurs pendant plusieurs mois par mesure de sécurité.
En effet, l'activité des volcans et les coulées de lave étaient bien trop dangereuses pour laisser quiconque se promener tout proche. Certaines routes sont encore fermées aujourd'hui à cause des nombreuses fissures provoquées par les tremblements de terre.
Le parc a cependant rouvert une partie des sentiers de randonnée depuis le 22 septembre. Nous sommes donc chanceux .
Les deux seuls et uniques volcans actifs de tout l'archipel d'Hawaï sont le Kilauea et le Mauna Loa, se situant tous deux sur Big Island dans le parc national des volcans.
De ces deux volcans est née la grande île d'Hawaï il y a 400 000 ans.
Le Mauna Loa n'est pas entré en éruption depuis 1984 mais selon les volcanologues, il serait encore actif et pourrait se réveiller à tout moment.
Quant au volcan Kilauea, il est plus jeune et en permanence en éruption. C'est un hyperactif .
Malheureusement pour nous, il ne reste pour le moment que peu de choses à visiter dans le parc.
Depuis 2017, il était possible de voir un écoulement de lave aller directement dans l'océan, un spectacle naturel magnifique paraît-il. Mais il y a un mois tout s'est arrêté. Cela devait être quelque chose de fou à voir mais la vie en a décidé autrement et nous ne verrons rien de ce spectacle. Tant pis !
Nous faisons donc une courte et facile randonnée (environ 2-3 km en 1h) appelée Sulfur Banks Trail où des gaz volcaniques s'échappent de la terre, créant des dépôts de cristaux de soufre et autres minéraux qui peignent le paysage de belles couleurs.
A certains endroits, de belles fissures d'où sort une fumée très odorante (ça sent l'œuf pourri).
Plusieurs panneaux explicatifs également tout au long de la balade dont un qui raconte la mésaventure d'un gars qui a voulu sortir du chemin aménagé pour aller au plus près d'un trou de fumée (certainement pour obtenir le meilleur selfie Instagram).
Résultat, la croûte du cratère étant très fine, elle a craqué et le pied du mec est passé à travers, libérant de la vapeur très chaude. Il s'est brûlé gravement.
C'est ça de jouer aux malins…
C'est pour cette raison qu'il est important de respecter les consignes de sécurité et de rester sur le sentier.
Cette balade nous amène près du cratère Kilauea Caldera.
Nous trouvons quand même à la fois fou et impressionnant de marcher au bord d'un volcan actif et de voir que malgré tout, il y a de la végétation qui pousse ici.
Le sentier donne des beaux points de vue sur le cratère au paysage lunaire. Une bien belle balade .
Le ciel se chargeant de nuages, nous quittons le parc des volcans et allons visiter le jardin d'orchidées de la ville de Volcano le temps de l'averse tropicale.
Un jardin si on veut, il s'agit plutôt d'une énorme serre aux nombreuses espèces d'orchidées. Fort heureusement, la visite est gratuite car ce soi-disant jardin ressemble davantage à une jardinerie Truffaut qu'à un jardin. Un peu décevant…
Jour 803 : vendredi 12/10/2018
Ce matin, nous sommes matinaux et à 9h, nous prenons la route pour Kalapana.
Autrefois un village de pêcheurs plutôt prospère, il a été presque intégralement rasé de la carte à cause d’une lave qui n'a cessé de couler entre 1989 et 1991.
Aujourd'hui, il ne reste que quelques maisons sans électricité ni eau courante.
Depuis, ce village a été frappé par la lave à plusieurs reprises à chaque éruption volcanique.
D'ailleurs, jusqu'au printemps 2018, on pouvait voir en permanence la lave couler jusqu'à l'océan, mais les tremblements de terre du mois de mai qui ont réveillé et réactivé le volcan Kilauea ont stoppé cette coulée de lave pour en faire couler ailleurs.
Nous nous rendons dans la zone où la lave a coupé la route.
L'endroit est vraiment irréel. On se croirait sur une autre planète.
Autour de nous, un désert de lave durcie.
La lave étant récente et ayant coulée lentement, on peut facilement distinguer son mouvement, ses plis qui décrivent assez bien la viscosité de ce liquide.
La croûte, encore fine et fragile à certains endroits (elle croustille parfois sous nos pieds) brille au soleil telle une roche emplie de cristaux d'argent. C'est vraiment magnifique.
Il est relativement facile de nous rendre jusqu'au bout de la route avec notre voiture de location.
Dans ce village, nous faisons la connaissance de Gary, un habitant des lieux depuis treize ans, venu tout droit du Wisconsin.
Gary est passionné de volcans. Il passe son temps à photographier les coulées de lave, les éruptions, la lave qui jaillit de la terre. Il aime ça et réussi à nous partager son admiration et sa fascination pour les volcans.
Vivant en quasi-autarcie sur son terrain, Gary réussi à faire pousser quelques fruits et légumes au beau milieu de cette lave durcie.
Il vit dans cette petite maison, en toute simplicité.
Il prône le minimalisme et il a bien raison.
En 2010, il a vu et photographié sa maison en train de brûler et disparaître sous la lave. Mais comme il le dit si bien, ça n'est que du matériel et une maison, ça se reconstruit.
A travers les différents clichés qu'il a pris, il se donne à cœur joie de nous raconter les évènements passés de ces dernières années qui ont fait évoluer la région, la transformant totalement.
Parmi toutes ses photos, il y en a une qui nous interpelle plus que les autres, celle d'une lave en fusion jaillissant de la terre et qui prend la forme d'un visage.
On dit qu'il s'agirait de Pelé, la déesse des volcans qui apparaît toujours sous forme de lave ou de feu.
Nous ne saurions dire si cette déesse existe vraiment mais ce qui est sûr, c'est que nous pouvons voir distinctement un visage sur la photo de Gary…
Nous restons une bonne heure et demie à discuter avec Gary, très sympa, intéressant et admiratif de la nature.
Nous le quittons et allons ensuite voir la nouvelle plage de sable noir formée récemment suite à l'éruption du mois de mai.
Le paysage est vraiment très beau ici
Des cocotiers sont replantés sur le chemin qui mène à la plage et c'est beau de voir comme la nature peut toujours se remettre d'une catastrophe naturelle.
Enfin, nous allons jusqu'au Mackenzie State Park d'où l'on peut voir la lave qui a coupé la route en mai 2018.
La lave durcie est très épaisse et arrive beaucoup plus haut que la route auparavant, désormais enfouie sous la lave.
Nous marchons le long de la côte où la lave a été déversée mais ne marchons pas sur le sentier de lave car nous ne sommes pas bien chaussés pour ce type de sentier. Ici les roches sont coupantes et ce ne sont pas nos tongs qui vont nous protéger d'une coupure.
C'est une bien belle journée sur une autre planète qui se termine. Pas besoin de dépenser des millions pour aller sur la lune, un paysage similaire existe dans le Pacifique nord .
Jour 804 : samedi 13/10/2018
Aujourd'hui, nous retournons au parc des volcans pour une deuxième balade.
Nous profitons de cette belle journée ensoleillée pour aller voir les différents points de vue accessibles par la route, dont celui sur le cratère Kilauea Iki.
Puis, nous effectuons la courte promenade nommée Devastation Trail, sans grand intérêt mais qui montre qu'effectivement, toute a été dévastée par d'anciennes coulées de lave.
Nous aimons mieux la balade qui suit qui n'est autre qu'une portion de route faisant le tour du cratère Kilauea Caldera, le même que nous avons vu il y a deux jours, fermée aux voitures en ce moment, les tremblements de terre du printemps dernier l'ayant détruite par endroit.
En effet, nous pouvons voir pas mal de grosses fissures tout au long de la route.
Cela doit être assez impressionnant quand on est dessus au moment du craquement !
Le point de vue sur le cratère est légèrement différent de celui vu il y a deux jours, de l'autre côté de celui-ci.
Ce cratère fume beaucoup, démontrant ainsi son activité volcanique partout autour.
Malgré tout, la végétation reprend ses droits dans les cratères plus anciens, comme quoi la nature se remet toujours d'une catastrophe.
Nous poursuivons la journée sur la route de la chaîne des cratères qui, comme son nom l'indique, offre des points de vue sur plusieurs cratères et coulées de lave se jetant dans l'océan Pacifique.
Le bout de la route nous amène à Hōlei Sea Arch, une arche de lave durcie qui s'est formée avec l'érosion.
Et puis tombe une grosse averse tropicale alors nous allons manger un morceau (pas très bon) dans un petit resto de la ville de Volcano situé proche du Parc national des volcans, avant de rentrer à notre chambre.
Jour 805 : dimanche 14/10/2018
En fin de matinée, nous allons faire un tour au marché de Pahoa. Pas terrible.
Alors que nous nous attendions à voir davantage d'art local, il y a en réalité surtout de la bouffe, des produits Made in China et beaucoup de déchets plastiques !
Il fait chaud et on aimerait bien s'offrir un bon jus frais et local mais ils sont tous servis dans des gobelets en plastique. Mais quelle plaie ce plastique !
Nous finissons malgré tout par trouver un excellent jus à base de fruits de la passion, d'hibiscus et autres fruits locaux, et en prime, servi dans une bouteille en verre consignée.
Nous passons l'après-midi à la plage Kehena, près de Kalapana, une plage naturiste qui accueillent tous les plagistes, qu'ils soient habillés ou à poil.
Franchement, bien que nous ne soyons pas adeptes du naturisme (parce que le sable, ça gratte entre les fesses), cela ne nous a pas du tout choqué de voir des seins, des fesses, des zézettes et des zizis en tout genre partout sur la plage.
Les enfants non plus ne sont pas dérangés de cela. Normal, ce sont ses enfants et enjeux coule l'innocence.
Il y a d'ailleurs tous les styles : vieux, jeunes, musclés, gras. Les gens semblent assez décomplexés quant à leur corps et ça, c'est plutôt cool.
Nous restons un moment sur cette plage, à nous baigner et à mater les gens derrière nos lunettes.
Bah oui, c'est plus fort que nous, d'autant que moi, j'adore observer les gens !
Afin de sécher plus vite, nous avons hésité à nous baigner nus mais bon, finalement nous avons fait nos timides…
En soirée, nous nous offrons un super bon dîner dans un restaurant de Pahoa.
Des plats aux ingrédients locaux, nous faisons une cure de poisson .
Pour moi, ce sera poisson pané à la noix de coco râpée, accompagné d'une sauce aux fruits de la passion, d'un peu de riz et légumes vapeur.
Et pour Guigui, un curry coco au poisson, crevettes et Saint Jacques.
Un vrai régal !
Jour 807 : mardi 16/10/2018
Après avoir profité hier de notre dernière journée à Pahoa pour ne rien faire si ce n'est nous reposer, nous quittons notre chouette location Airbnb vers 10h30. La famille qui nous a accueilli durant toute la semaine était bien sympathique.
Nous remontons la côte Hamakua et nous arrêtons rapidement au point de vue Waipio Valley, au nord de la côte.
Puis, nous traversons le centre de l'île pour nous rendre de nouveau à l'ouest de Big Island, proche de la ville de Kona.
Le paysage et la végétation du centre de l'île n'ont rien à voir avec ce que nous avons pu voir jusqu'à présent.
Dans le centre, ce sont des collines herbeuses que nous voyons à perte de vue, d'anciens volcans aujourd'hui éteints. On se croirait presque en Auvergne !
La température y est aussi plus fraîche, pas plus de 20°C, ce qui explique que la végétation soit totalement différente.
Nous arrivons vers 16h dans notre location Airbnb située à 10’ de la ville de Kona. La location la moins bien de tout notre séjour.
Certes, le lieu est chouette, la chambre également (nous avons une terrasse privée équipée d'un mini frigo), mais le lit et les oreillers sont très inconfortables (mon dos souffrira durant cette dernière semaine), la porte-fenêtre moustiquaire est cassée, et la salle de bain que nous partageons avec le locataire n'est pas hyper propre.
Et pour couronner le tout, les propriétaires qui habitent à l'étage se montrent pas mal bruyants en soirée.
A 45$ par nuit (en rabais parce que nous louons pour une semaine, autrement la nuit coûte quasiment le double), nous aurions aimé une chambre plus confortable.
Jour 808 : mercredi 17/10/2018
Ce matin, nous nous levons super tôt, à 5h, pour aller randonner jusqu'au sommet du Mauna Loa, une rando de 20 km en aller-retour, qui commence à 3400 mètres d'altitude et qui grimpe jusqu'à 4160 mètres. Nous prévoyons 10h de marche, pauses comprises.
Le volcan Mauna Loa se situant au centre de l'île, nous devons conduire 1h30 depuis notre hébergement pour arriver à l'observatoire du Mauna Loa, départ de la rando.
Nous sommes chanceux avec la météo. Le ciel est bien dégagé et depuis la route, nous distinguons très nettement les deux volcans qui dominent l'île : le Mauna Kea, éteint, et le Mauna Loa, endormi, que nous allons découvrir aujourd'hui.
Il est 7h15 lorsque nous arrivons à l'observatoire. Nous sommes à 3390 mètres d'altitude. Nous restons une petite demi-heure avant d'attaquer la rando, histoire de nous acclimater un peu car, notre hébergement se situant à grand maximum 100 mètres d'élévation, nous venons de gravir plus de 3000 mètres en à peine 1h30. Pas terrible pour le mal d'altitude.
Le mieux aurait été de passer une nuit entière à 3000 mètres mais cela n'a pas vraiment été possible… On fait comme on peut .
Le deuxième petit déjeuner avalé, nous commençons notre randonnée à 7h45. Il fait 6°C ! Ça nous change des températures tropicales que nous connaissons depuis déjà un mois que nous sommes à Hawaï.
Aujourd'hui, nous troquons notre short pour un pantalon et nos t-shirts pour des manches longues.
Nous revêtons également nos vestes et gardons une polaire pas très loin dans le sac .
Emportant avec nous pas mal de bouffe mais surtout beaucoup d'eau (6 litres au total), nous avons choisi de randonner avec un petit sac à dos et mon gros sac de 60L, absolument pas rempli mais bien utile pour répartir le poids de nos affaires.
Ce n'est pas qu'il fasse chaud au volcan mais à cette altitude, plus de 3000 mètres, il est important de bien s'hydrater, d'où les six litres de flotte.
A partir de 3600 mètres, soit à peine 200 mètres plus haut que le départ à l'observatoire, nous ressentons déjà les efforts fournis en altitude. Nous commençons à nous essouffler.
A 9h30, nous faisons une première pause de cinq minutes pour avaler une collation.
Et la pause pique-nique se fait à 10h45 dans un désert de lave durcie.
Absolument seuls sur les lieux, le décor est assez spectaculaire.
Nous continuons notre ascension progressivement et à plus de 3900 mètres, l'altitude commence à nous affaiblir.
Aucun mal de tête mais nous avons le teint blême, passant du jaune au gris.
Notre vision subit également quelques faiblesses. Il y a comme un décalage entre le moment où l'on pose notre regard et le moment où notre cerveau détecte ce que nous regardons.
En fait, nous nous sentons comme un peu pompette avec cette difficulté à articuler nos mots, si caractéristique des personnes qui ont un coup dans le nez. Ça fait vraiment un drôle d'effet.
Afin de reprendre nos esprits, nous nous accordons plusieurs pauses pour nous reposer, boire et manger un peu.
Après 4h45 de marche, nous arrivons à 12h30 au sommet du cratère Mauna Loa, à 4170 mètres.
La vue est fantastique du haut du cratère.
C'est impressionnant de voir ce volcan, certes endormi mais encore actif, avec toute cette fumée en sortir ici et là.
Les falaises du cratère sont immenses et hyper raides, si bien que nous évitons de marcher trop au bord, la roche semblant assez fragile, prête à céder à tout moment. La fissure parle d'elle-même…
Nous restons trois bons quarts d'heure au sommet à contempler le paysage, nous hydrater, manger un morceau, encore un, et retrouver des couleurs.
Nous n'avons toujours pas mal à la tête mais la sentons pas mal chargée et oppressée.
Faut dire que nous venons de prendre 4000 mètres d'altitude dans la face dans la même journée, de quoi perturber un peu notre métabolisme.
A 13h10, nous faisons le chemin inverse. Le retour nous semble long tant nous sommes fatigués.
À un moment donné même, parce que nous nous sentons toujours un peu pompette, surtout Guigui, mon p'tit cœur trébuche soudainement sans raison.
De mon point de vue à l'arrière, la chute est si soudaine, silencieuse et lente que je crois qu'il s'évanouit. Je m'inquiète car il n'est pas question de tomber dans les pommes ici !
Mais Guigui va bien. Son pied a simplement dérapé sur la roche et le sac l'a emporté sur le côté. Guigui lui-même ne comprend pas comment il a fait pour tomber.
Et quand je lui demande ce qu'il s'est passé, il me répond, tout penaud et tout blême : “bah j'sais pas ! Tout d'un coup, je suis tombé”.
On finit par bien rigoler de cette chute ridicule .
A certains endroits, nous pouvons sentir la roche de lave craquer sous nos pas et parfois même s'effondrer sous les pieds de Guigui. Et cette fois-ci, c'est bien parce que la roche est fragile et non parce qu'il se sent tout bourré .
Ces cassures forment avec le temps de belles petites grottes de lave.
Retour à la voiture juste à temps avant que la pluie ne commence à tomber. Il est 16h05, nous sommes crevés de cette rando que nous venons d'effectuer en 8h20, incluant plusieurs pauses.
Ce n'est qu'une fois en voiture que je suis prise d'un terrible mal de tête.
Une chouette rando qui vaut la peine, essentiellement pour le point de vue au sommet du volcan. Autrement, le sentier reste long et un peu monotone. On parle quand même de 20 km de lave durcie. Sur 1 km ou 20, c'est quand même à peu près le même paysage.
Jour 809 : jeudi 18/10/2018
Aujourd'hui, afin de nous remettre de cette longue randonnée au volcan Mauna Loa, nous allons à Two-Step, une baie réputée pour le snorkeling. Guigui s'en donne à cœur joie et nous y restons près de deux heures.
Puis, nous visitons Pu'uhona o Hōnaunau, un village hawaïen reconstitué qui, au 16e siècle, était protégé et fortifié. Situé juste à deux pas de la baie de Two-Step, sur une belle plage de sable blanc aux nombreux cocotiers, ce village aux remparts de 300 mètres de long par 3 mètres de hauteur était un véritable refuge pour différentes catégories de population dont la vie pouvait être menacée.
Généralement, il s'agissait de femmes et d'hommes qui brisaient les règles de la religion hawaïenne et qui, pour échapper à la mort, voyaient leur seule chance de survie dans ce village, atteignable uniquement à pieds et à la nage, un parcours non sans danger avec ses longues distances, ses forts courants, ses vagues puissantes et des roches de lave coupante.
Quand ils réussissaient leur périple, mais beaucoup ont échoué, ils étaient absous par une prière.
Durant les temps de guerre, Pu'uhonua a également servi de sanctuaire pour les enfants, les aînés et autres non-combattants.
Temple, jeu Kōkane, totems, remparts, cette reconstitution donne une bonne idée de ce que pouvait être le village du temps jadis ou naguère .
Le lieu est également réputé pour ses très beaux coucher de soleil mais malheureusement pour nous, le ciel est bien trop couvert ce soir pour en voir de belles couleurs.
Jour 810 : vendredi 19/10/2018
Ce matin, nous allons voir à quoi ressemble le marché local de la ville de Kona. Une fois de plus, il est très décevant. Seuls des chinois peu accueillants et commerçants tiennent ces stands de fruits et légumes. Ne parlant que très peu d'anglais, les seuls mots qu'ils réussissent à nous dire sont les suivants : “good morning, pineapple ?”
Au bout d'un moment, c'est agaçant de n'être considérés que tels des vaches à lait, toujours prêts à dépenser de l'argent pour n'importe quoi.
Désolés mais lorsqu'une personne nous dit précipitamment “bonjour, ananas ?”, cela ne nous donne pas vraiment envie de lui acheter de la marchandise, et c'est bien dommage pour ce commerçant comme pour nous…
Sur les marchés à Hawaï, nous avons remarqué que très peu d'Américains y participaient. Toutefois, lorsqu'ils tiennent un stand, ils sont toujours les seuls à prendre le temps de nous parler avant de présenter tranquillement leurs produits. Leur approche client va au-delà des éventuels dollars susceptibles d'être dépensés, et cette méthode de vente nous convient mieux.
Bref, nous achetons un ananas à une chinoise pas très aimable mais la seule qui en vend des bons, et on se casse du marché.
Ensuite, nous souhaitons manger dans un petit boui-boui local mais dès lors que nous ouvrons la bouche pour nous renseigner sur ce que sont les plats typiques, le barman coupe net la conversation. Probablement qu'il a entendu à notre accent que nous n'étions pas anglophones… En tout cas, il ne nous a plus du tout parlé si bien que nous n'avons jamais su ce qu'étaient les plats qu'ils proposaient. Bon bah, on s'en va alors…
Du coup, nous mangeons dans un resto un peu plus touristique à la serveuse moyennement agréable.
Depuis plus d'un mois que nous séjournons sur l'archipel, nous avons remarqué que bien souvent, et en particulier sur Big Island, les américains ne faisaient pas trop d'efforts avec les étrangers non-anglophones. A moins d'avoir beaucoup de fric auquel cas, les serveurs cirent bien les pompes du client, les restaurants démontrent un service déplorable. Quand on sait que les serveurs font leur salaire sur les pourboires, ici, on ne peut pas dire qu'ils travaillent fort pour gagner leur vie. Ils ont tellement pris l'habitude de recevoir 15 à 20% de pourboires sur chacune des tables qu'ils les considèrent désormais comme acquis...
Jour 811 : samedi 20/10/2018
Aujourd'hui est une journée de plongée sous-marine pour Guigui avec quatre plongées au total, deux le matin, une en après-midi et une dernière au crépuscule pour observer les raies manta.
Il a vraiment adoré sa dernière plongée. Munis de lampes torches, les plongeurs se posent au fond de l'océan, et assis sur le sable, attendent que les raies viennent les saluer.
Elles sont super grandes et passent tout près d'eux parfois. Guigui vit un véritable bon moment sous l'eau .
Durant toute la matinée, je passe le temps à la plage ‘Ai’ōpio, celle que nous avons découverte lors de notre promenade dans le parc national Kaloko-Honokōhau près de l'aéroport et qui se situe à cinq minutes de marche de la Marina.
Je me repose et me perds dans mes pensées. Tout est si calme ici.
J'observe également les tortues qui sont pour ainsi dire quasiment à mes pieds. Je ne me lasse de les regarder.
Et puisque Guigui s'offre le plaisir de plonger, je m'offre en après-midi un massage Lomi-Lomi, le traditionnel polynésien qui s'effectue avec les avant-bras du masseur.
Un moment de détente bien agréable...
Après le massage, je poursuis ma journée détente sur une plage du centre ville, observant l'océan et les vagues qui se déchaînent en attendant le retour de mon amoureux.
Jour 812 : dimanche 21/10/2018
Guigui ayant effectué quatre plongées hier, il se sent un peu fatigué aujourd'hui alors nous faisons une journée à Makalawena Beach, une plage accessible par un sentier caillouteux et très accidenté que nous choisissons d'emprunter à pieds pour ne pas endommager notre voiture de location.
Après environ trente minutes de marche depuis le parking, nous arrivons à cette superbe plage encore préservée et quasiment déserte. Les eaux étant peu profondes, l'endroit est parfait pour pratiquer tantôt la baignade et la bronzette, tantôt la lecture à l'ombre des cocotiers.
Une journée tranquille qui fait du bien avant notre retour au Yukon.
Jour 813 : lundi 22/10/2018
Pour notre dernier jour sur Big Island, nous retournons sur la côte Est, à Hilo, pour y faire quelques emplettes à la fabrique de chocolat chez Big Island Candy.
Puisque nous sommes à Hilo, nous mangeons pour une dernière fois le délicieux Poke et allons ensuite digérer à la plage de Carlsmith, une belle étendue de piscines naturelles formées par l'océan.
En fin d'après-midi, nous allons voir le coucher de soleil sur le Mauna Kea, le volcan éteint et sacré de l'archipel.
Le sommet est à plus de 4000 mètres d'altitude et une voiture 4x4 est indispensable pour s'y rendre.
Ne souhaitant pas abîmer notre voiture de location, nous nous contentons d'admirer le soleil couchant depuis le centre des visiteurs qui est déjà à presque 3000 mètres. De là, part un petit sentier menant à un beau point de vue, au-dessus des nuages.
Nous ne sommes pas les seuls évidemment mais le spectacle n'en reste pas moins très beau.
Tandis que nous étions en maillots de bain il y a encore 1h de ça, il nous faut désormais revêtir pantalon et veste car à 3000 mètres, la température chute à 6°C ! C'est frette comme diraient nos cousins du Québec .
Jour 814 : mardi 23/10/2018
Après avoir empaqueté toutes nos affaires, nous quittons notre hébergement à 11h et passons la matinée à la plage Ai'ōpio. Cette plage, proche de l'aéroport est vraiment agréable car peu de monde, un abri pour se protéger du soleil et des tortues à contempler en permanence.
Guigui, qui a passé une mauvaise nuit dans notre hébergement inconfortable, s'endort au son des vagues.
Deux heures plus tard, nous quittons la plage, allons manger un morceau et imprimer quelques documents pour l'immigration canadienne tels que nos comptes bancaires. Maintenant que nous sommes en statut touriste, nous devons systématiquement justifier les raisons de notre séjour au Canada et prouver que nous avons les fonds nécessaires pour y rester quelques mois.
Puis c'est direction l'aéroport de Kona.
Premier vol en fin d'après-midi pour Honolulu. Nous y arrivons à 18h30.
A présent, les choses se compliquent.
En effet, lorsque nous procédons à l'enregistrement des bagages, Guigui se voit refuser l'embarquement parce qu'il ne possède pas l'AVE, l'Autorisation de Voyage Électronique, obligatoire pour débarquer au Canada par voie aérienne.
Lors mon obtention de PVT en juin 2015, le permis de travail n'était pas exempt de cette autorisation et j'avais dû la demander et la payer en même temps que j'avais acheté mon billet d'avion pour Montréal. Et à en croire la compagnie aérienne, mon AVE est valable jusqu'en juin 2019.
En revanche, pour Guigui qui a obtenu son PVT huit mois après moi, n'avait pas besoin de cette autorisation pour venir au Canada. Il en était exempté avec son permis de travail. Il n'a donc jamais eu besoin de la demander.
Seulement voilà, aujourd'hui son PVT est terminé, il est désormais “touriste” aux yeux de l'immigration et a donc besoin d'une AVE pour embarquer dans l'avion.
Ne le sachant pas, Guigui n'a pas pensé à en faire la demande et pour sa défense, comment aurait-il pu deviner qu'il allait se faire refouler à l'embarquement ?
Résultat, à trois heures du décollage, Guigui ne peut pas prendre son avion. Il fait immédiatement une demande d'AVE, celle-ci restant en attente car il s'est déjà fait refuser un permis de travail, celui du mois de juillet dernier via la mobilité francophone. L'immigration doit donc étudier plus en détail son dossier.
La compagnie aérienne Air Canada est plutôt cool et à trois reprises l'agence contacte l'immigration pour qu'ils s'occupent au plus vite de la demande de Guigui, si bien qu'ils se font presque envoyer bouler pour leur insistance.
Quelle bande de nazes à l'immigration !
C'est à croire qu'ils font exprès de nous faire patienter alors qu'ils ont toutes les informations sous les yeux. Les heures passent, il est 21h, c'est la dernière chance pour Guigui de procéder à l'enregistrement, ce qu'il fait bien qu'il n'ait pas encore reçu de réponse de l'immigration.
Il enregistre son bagage quitte à le récupérer s'il ne peut décoller à 22h.
L'avion décolle dans une heure alors afin de limiter la casse financière, je vais voler seule jusqu'au Canada, et Guigui me rejoindra à Vancouver ou à Whitehorse.
Cela signifie payer un billet d'avion supplémentaire, cela me met dans une rage folle !
Guigui m'accompagne à l'embarquement quand à 21h10, il reçoit un e-mail de l'immigration canadienne lui accordant cette fichue AVE. Hourra ! Nous allons pouvoir quitter Hawaï ensemble !
Et pour une fois, le vol de nuit se passe très bien. Tout le monde est calme dans l'avion, je réussis même à dormir un peu.
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