Vietnam : 2 jours à Tam Coc (ou la baie d'Halong terrestre)
20 mai 201426 mars
Aujourd'hui nous quittons Cat Ba pour nous rendre à Tam Coc dans la région nord du centre du Vietnam.
Utiliser les transports locaux pour se déplacer n'est pas toujours de tout repos et les trajets sont assez longs.
Pour aller jusqu'à Tam Coc, nous devons prendre un premier bus à 9h puis un bateau pendant environ 40 minutes pour sortir de l'île.
Une fois sur le continent, nous prenons un second bus jusqu'à la ville de Haiphong, d'où nous attendons pendant une heure la correspondance pour notre troisième bus direction Ninh Binh.
Nous en sommes à 3 bus, 1 bateau et 6h de voyage pour seulement 200 km de route ! Heureusement que nous avons nos écouteurs et de la musique à écouter car dans ce pays, on assiste à de véritables concertos de klaxon !
Ici, les conducteurs klaxonnent pour tout et pour rien, et surtout pour rien : pour doubler évidemment mais aussi pour prévenir qu'ils freinent, pour signaler leur arrivée à une intersection ou qu'ils peuvent prendre des passagers.
Parfois, ils appuient sur ce buzzer simplement pour saluer un pote ou annoncer que le feu va bientôt passer au vert.
Bref, tout est prétexte à faire du bruit.
Pour parcourir les neuf derniers kilomètres qui nous séparent du village de Tam Coc, nous avions lu que le taxi était le seul moyen de locomotion, les bus étant inexistants.
Le voyageur russe avec qui nous avons fait le trajet en bus nous informe qu'il est possible de prendre un bus pour 1$ par personne. C'est un local qui lui a dit, mais à dire vrai, nous pensons qu'il a mal compris car il n'y a effectivement aucun bus qui part pour ce village.
En revanche, une horde de taxi et moto-taxi nous attendent et nous proposent de nous y amener.
Commence alors la négociation.
Un chauffeur de taxi nous propose la course à 120 000 dongs (environ 4€). Nous refusons car c'est bien trop cher pour la distance à parcourir.
Il accepte de descendre le prix à 100 000 dongs mais comme c'est compliqué de diviser cette somme par trois, nous obtenons au final la course à 90 000 dongs (3€) pour trois. Nous n'aurons pas mieux alors on accepte.
Une fois déposés à l'embarcadère de Tam Coc, le russe se met à nous faire une crise de paranoïa.
Il descend de la voiture mais refuse que le chauffeur sorte son sac du coffre et prétend que nous ne sommes pas au bon endroit, que le taxi nous a arnaqué.
"Attends mec, calme-toi. Qu'est-ce qui te faire croire que nous ne sommes pas à Tam Coc ?"
Le russe est incapable de me répondre, il me dit juste que nous n'y sommes pas, et demande au taxi de nous y emmener. Le chauffeur ne semble pas comprendre...
Pendant ce temps, Guigui vérifie sur sa carte les quelques noms de rue qu'il voit aux alentours et me confirme qu'on est bien à Tam Coc.
On essaie tant bien que mal de rassurer le russe qui finit par se calmer.
Nous payons le taxi et nous mettons à rechercher un hébergement. En nous quittant, le russe nous fait bien rire en nous donnant un dernier conseil : " attention aux arnaques. N'oubliez pas que c'est 5$ la chambre, pas plus ! "
Ce mec est complètement dingue ! C'est incroyable comme il se méfie de tout et de tout le monde !
Après avoir visité plusieurs chambres bien pourries (l'humidité est un vrai problème ici), nous trouvons finalement une chambre moins pire.
Sur la photo, elle semble nikel mais en vrai les draps sont de nouveau gras par l'humidité et elle ne sent pas très bon.
En revanche, nous avons une jolie vue sur la rivière :-)
Comme nous ne comptons pas séjourner très longtemps dans la région, nous profitons de cette fin d'après-midi pour aller nous balader un peu dans les environs.
L'intérêt principal du village de Tam Coc est de faire une promenade en barque à travers les rizières.
C'est pourquoi au passage, nous nous renseignons auprès de l'embarcadère des tarifs de ces promenades.
C'est 260 000 dongs pour deux, soit environ 9€. Nous ferons ça demain matin.
Les informations obtenues, nous marchons en direction d'un temple que le patron de notre hôtel nous a conseillé d'aller voir.
Le paysage de roches karstiques surplombant les grandes étendues de rizières est superbe.
En chemin, nous faisons la connaissance de Fleur, une jeune femme vietnamienne qui nous propose de faire une promenade en barque, tout de suite et pour moins cher qu'à l'embarcadère. Pour 200 000 dongs (moins de 7€), elle nous fait la même balade mais au black.
C'est qu'elle nous prend un peu de court la nénette ! Nous hésitons un moment mais finissons par accepter.
Elle appelle son beau-père pour qu'il lui ramène la barque, un vieil homme très beau aux allures de sage.
Et c'est parti pour une magnifique balade en rivière à travers un paysage fantastique, peut-être le plus beau que nous ayons vu jusqu'à présent.
Ces roches sortant de l'eau sont tout simplement spectaculaires.
Ici, les vietnamiens ont une méthode toute particulière pour naviguer. Ils rament avec leurs pieds ! C'est aussi ce que fait Fleur et on croirait pas comme ça, mais elle avance bien, et ça semble si simple !
L'avantage quand on se balade à cette heure-ci en fin d'après-midi (il est 17h), c'est qu'on est tout seul sur la rivière. Pas un seul touriste.
Uniquement des locaux terminant leur journée au champ de riz, et quelques martin-pêcheur.
L'ambiance y est vraiment paisible, nous savourons ce moment de calme.
Fleur, notre championne de ramage avec les pieds parle un excellent français et nous informe sur le mode de vie local.
Elle nous explique que le village compte 100 familles, chacune gérant sa parcelle de champ, et que l'état accorde une barque par famille, leur outil de travail puisque c'est ainsi qu'elles se déplacent pour travailler dans les rizières.
Comme elle vit avec sa belle-famille, ils représentent donc deux familles et ont droit à deux bateaux.
Pour ce qui est de la navigation avec les touristes, officiellement il y a un roulement entre les familles, c'est-à-dire qu'en basse saison comme en ce moment, chaque famille peut balader les touristes deux fois par mois en moyenne, et quatre fois par mois en haute saison.
Les familles touchent 100 000 dongs par navigation, soit 3,50€.
Nous trouvons ce système de roulement assez juste et égalitaire. Malheureusement, les revenus ne suffisent pas pour subvenir aux besoins des familles.
Du coup, pour compléter ses revenus, Fleur pratique la navigation non déclarée (et oui, du travail au noir), ce que nous faisons en ce moment.
Elle facture moins cher qu'à l'embarcadère (200 000 au lieu de 260 000 dongs nous concernant, ça nous arrange bien) mais au moins elle garde tout pour elle et ne reverse rien à la compagnie, principalement composée de policiers, qui gère l'activité mais ne fait rien d'autre que vendre des tickets et s'en mettre plein les poches.
Nous aimons autant que l'argent lui revienne à elle directement car après tout, c'est elle qui fait tout le boulot.
Je profite de son excellent français pour lui poser toutes les questions qui me taraudent et notamment celle qui concerne l'école.
L'école est-elle payante ? Je me pose la question car nous sommes quand même dans un pays soit disant communiste...
Et bien oui, l'école est payante, et coûte à Fleur 400 000 dongs par mois, ce qui est très cher par rapport à ce qu'elle gagne. Nous n'avons pas compris si ce prix était par enfant ou pour ses deux filles...
En complément également, elle confectionne des broderies et propose à ses passagers de bateau de venir manger chez elle pour moins cher qu'au resto.
Évidemment elle nous l'a proposé. Nous avons accepté mais à condition de manger avec toute la famille et de na pas nous mettre dans un coin. Marché conclu.
Nous débarquons chez elle et sa belle-famille, retrouvons le beau grand-père avec qui nous sirotons un thé, faisons la connaissance de sa belle-mère et de ses trois filles et passons un excellent moment en compagnie de cette charmante famille.
Cuisine au feu de bois et au menu, un délicieux repas un tantinet copieux. Nems, des œufs, du riz, de la noodle soupe, des légumes, des fruits, et j'en oublie certainement.
La barbiche de Guigui plait beaucoup au grand-père mais semble un peu le perturber car au Vietnam, ce sont les vieux qui portent le bouc.
On se demande si Guigui aura la même que celui de papi quand il sera vieux...
A la fin du repas, le grand-père nous ramène au centre ville à pieds. Il a une soirée cartes avec des amis :-P
C'est en beauté que nous avons terminé cette longue journée de transport.
Et avant de faire dodo, nous entamons une nouvelle série télé : Breaking Bad.
Merci Sandie et Slava de nous avoir parlé de cette série de dingue ;-)
27 mars
Ce matin, nous bouclons nos sacs que nous laissons à la réception de l'hôtel car nous devons libérer la chambre avant midi.
Notre train pour Hué n'est qu'à 21h15 ce soir, nous avons donc toute la journée pour explorer les environs de Tam Coc.
Pour nous rendre au temple de Thai Vi (que nous voulions voir hier soir...), nous longeons la rivière bien plus fréquentée qu'hier soir par les touristes, et passons devant un beau cimetière.
Puis nous continuons la balade à travers les rizières que l'on ne se lasse pas de contempler.
Nous arrivons à ce fameux temple, qui entre nous n'a rien de spécial, et prenons un chemin au hasard nous menant à une grotte.
On s'y pose un moment. Du haut de la grotte, nous avons une très belle vue sur les rizières inondées.
Le ventre commençant à creuser, nous retournons dans le centre du village pour déjeuner. En chemin, nous rencontrons une petite grand-mère bien chargée que nous aidons à porter les courses.
Elle est trop drôle la mamie. Pendant au moins cinq minutes elle nous répète comment dire "Hello" en vietnamien.
"Hello ! Vietnam Sin Tchao !"
Après la pause déjeuner, nous retournons près de l'embarcadère où une tripoté de barques attendent l'arrivée des touristes, et notamment celles de chinois et coréens qui n'embarquent jamais sans leur gilet de sauvetage :-P
Nous y apercevons Fleur et son beau-père à qui nous donnons quelques clichés que nous avons pris hier soir et que nous avons imprimés.
Ravie, elle nous propose de venir manger une nouvelle fois chez elle avec sa famille. Nous acceptons volontiers.
Avant de la retrouver vers 17h chez elle, nous repartons nous promener en direction de la pagode de Bich Dong. Une promenade de deux kilomètres le long de la route et des rizières, à observer les femmes cultiver le riz.
Arrivés à la pagode, qui soit dit en passant n'a rien d'exceptionnel non plus (autant on ne se lasse pas des paysages que des monuments religieux, oui...), nous croisons le russe rencontré hier.
On discute un peu avec lui. Il continue sa paranoïa concernant les arnaques, ce coup-ci à propos des balades en barque.
Il est grave le mec ! :-)
Derrière la pagode, une grotte que nous traversons et qui nous mène à un sentier visiblement interdit d'accès, mais que nous empruntons malgré tout.
Ce chemin grimpe sec dans une montagne mais quel spectacle nous attend une fois là-haut ! Un superbe point de vue sur les champs de riz et les roches qui les entourent.
Deux jeunes vietnamiens sympathiques nous rejoignent et nous demandent de les prendre en photos et de poser avec eux.
Le lieu est un peu casse-gueule pour prendre la pose mais on y arrive :-)
17h approchant, nous rentrons à Tam Coc et allons dîner comme promis chez Fleur et sa chaleureuse famille qui nous accueille comme des rois.
Nous avons beaucoup aimé cet endroit. De belles balades aux paysages fantastiques, et une belle rencontre avec cette charmante famille d'agriculteurs :-)
A 19h, le taxi vient nous chercher à l'hôtel et nous dépose à la gare de Ninh Binh pour 87 000 dong (3€). Nous avons insisté pour que le chauffeur déclenche son compteur ;-)
Nous patientons deux bonnes heures à la gare jusqu'à l'arrivée de notre train de nuit, que nous avons pris en couchette cette fois-ci, dans l'espoir de mieux dormir.
Et bien, c'est raté ! Le compartiment est très étroit. En plus, nous dormons en haut, le visage au plus près du plafond et de la clim, pour notre plus grand plaisir :-(
On se gèle, la clim sent mauvais et pour couronner le tout, nos voisins (des locaux) sont très bruyants. Obligés de leur demander de se taire vers minuit et demi.
En pleine nuit, Guigui est réveillé et aperçoit le mec de notre compartiment tripoter une des deux femmes qui l'accompagnent...
Dans les transports publics, vive l'Asie ! :-)
Prochaine étape, la cité impériale de Hué...
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