Vietnam : un trek autour de Sapa
04 mai 201412 mars
6h30, nous prenons un minibus, direction le village de Sapa, dans le nord du Vietnam, la région la plus montagneuse du pays.
C'est dans cette région que l'on peut découvrir les plus beaux paysages de rizières en terrasse et faire la connaissance des différentes ethnies montagnardes.
Nous effectuons ce trajet de 9h sur une route pourrie rarement goudronnée, accompagnés de Natacha notre acolyte française, d'un canadien, d'un couple suisse et de nombreux vietnamiens tous aussi bruyants les uns que les autres.
Nous avons beau mettre de la musique à fond dans les oreilles, ils parlent tous très fort, et nous envoient la fumée de leur cigarette de préférence dans la face. Encore un souvenir de la Chine !
Très franchement, nous craignons un peu la tournure de notre séjour au Vietnam car, pour le moment, les gens que nous rencontrons ont une attitude assez semblable à celle des chinois, et qui nous déplait beaucoup.
Mais nous gardons à l'esprit ce pourquoi nous sommes venus au Vietnam : les paysages et uniquement les paysages. Pas pour la population.
Arrivés à 15h30 à Sapa, nous ne sommes effectivement pas déçus. Cette petite ville de 36 000 habitants, ancienne station climatique fondée par les français, nous rappelle certains villages alpins de chez nous.
Un lac, une place, autour desquels se profilent des habitations et dans une rue étroite, des chalets qui font office d'hôtels ou de restaurants.
Une ambiance de montagne de début d'hiver comme on les aime :-)
A peine descendus du minibus, nous nous faisons accoster par des femmes Hmong (une ethnie montagnarde) nous proposant de venir visiter leur village.
Fort heureusement, nous sommes au courant de ces pratiques. Ces femmes viennent chercher les touristes, leur proposent de venir visiter leur village contre de l'argent mais en aucun cas elles ne sont guide. La visite s'effectue en général très rapidement et sans aucune explication ni aucun échange, car elles ont d'autres touristes à aller voir.
Au passage elles essaient de vendre leurs produits soit disant tissés à la main (des sacs, des porte-monnaie, etc...)
C'est là qu'on se rend compte que la ville de Sapa est vraiment touristique car ces femmes sont nombreuses dans les rues. Elles accostent les touristes à deux ou trois, parfois quatre, et font toujours le même blabla.
Exemple :
Hmong : hello madame ! What's your name ?
Nous : Guillaume et Jennifer
Hmong : nice to meet you. Where you from ?
Nous : from France
Hmong : ze peux parler français
Nous : ah cool ! C'est bien.
Hmong : you go to the villaze for me !
Nous : on verra plus tard, pour le moment on cherche un hôtel
Hmong : okay. After hotel, you come to the villaaze !
Nous : non non, merci.
Hmong : okay. You buy something for me ! (Et elle nous montre tous ses bracelets, sacs et autres objets)
Nous : non merci. Goodbye"
Mais les nanas nous suivent jusqu'aux hôtels. On en visite deux ou trois qui ne nous plaisent pas et à chaque fois qu'on en ressort, les Hmongs nous suivent jusqu'au suivant.
On finit par entrer par hasard dans un hôtel qui a une jolie façade : le Sapa View Hotel.
A vue d'œil, cet hôtel semble trop classe pour nous mais comme dirait Jenni, ça ne coûte rien de demander, et si c'est trop cher on se casse.
En effet, la nana de l'hôtel nous annonce des chambres avec vue sur les rizières à 50$ qu'elle peut nous faire à 40$. Nous la remercions et déclinons sa proposition bien trop chère pour nous.
Là, elle nous demande notre budget. Franchement, 250 000 dongs maximum (soit 12$ ou 9€).
Elle a une chambre sans la vue à 30$ qu'elle veut bien nous faire à 12$, petit déjeuner inclus !
La chambre est super ! Mobilier scandinave, grand lit confortable avec draps et couette qui sentent bon la lessive, couverture chauffante, cheminée, salle de bain moderne avec douche vitrée séparée des toilettes. Bref, un petit bijou.
C'est sûrement notre plus belle chambre depuis le début du voyage, surtout à ce prix-là ! Petit dej inclus !!!
Pourquoi avons-nous droit à une telle réduction, nous n'en savons rien mais c'est tant mieux.
Depuis que nous sommes en Asie, nous galérons un peu à comprendre l'anglais des asiatiques. Des exemples :
"Piniss" --> finish (fini) au Népal
"Pipty baht, isss" --> fifty baht, each (cinquante baht chacun) en Thaïlande
"So me tiquet beu" --> show me ticket bus (montre-moi le ticket de bus) en Thaïlande
"Foune" --> full (plein) au Laos
Etc, etc...
Et bien au Vietnam, il n'y a pas de raison que l'on comprenne mieux !
A Dien Bien Phu, l'hôtesse de notre hôtel nous a demandé un jour, attention, accrochez-vous :
"You iss fooss ?" qui signifiait "you eat food ?" (tu manges ?)
Cette fois-ci, la fille du Sapa View Hotel nous informe du contenu de notre petit déjeuner.
Nous aurons droit à du "break and olette" (bread and omelette - du pain et de l'omelette).
Franchement faut s'accrocher pour les comprendre les viet ! :-)
Fatigués de notre voyage, nous nous posons un peu dans la chambre et étudions ce qui est possible de faire sans dépenser trop d'argent, car visiblement il faut payer pour entrer dans les villages et il est parfois difficile de randonner sans guide.
Nous voulions effectuer la randonnée jusqu'au mont Fansipan mais l'accès est fermé pour quelques mois à cause d'un incendie qui a eu lieu récemment.
En soirée, nous retrouvons Natacha pour dîner. Dans son hôtel, elle a rencontré un couple français qui revenait d'un superbe trek dans les rizières, accompagné d'un guide francophone.
Elle nous dit qu'elle va y aller demain car ça semble chouette et peu fréquenté. Le trek de deux jours et une nuit coûte 35€ par jour et par personne, repas et hébergement compris.
Elle nous propose de l'accompagner. Faut voir...est-ce qu'il y a moyen d'avoir une réduction si on est trois ?
Elle envoie un mail à l'organisateur. C'est bon pour 30€ par jour et par personne.
Ça fait un peu plus cher que notre trek en Thaïlande car nous avions payé le même prix mais pour trois jours et deux nuits.
En revanche on se dit qu'il nous est tellement difficile de comprendre l'anglais des vietnamiens que ce serait peut-être pas un luxe d'avoir un guide francophone.
Vendu ! Nous partons demain matin pour ce trek. La décision a été prise un peu vite, trop vite même, mais nous verrons bien.
Nous avons un pressentiment plutôt positif sur ce trek, nous ne sentons pas l'arnaque, donc il devrait bien se passer.
De retour à notre hôtel, nous préparons notre sac pour les deux jours à venir et testons la couverture chauffante (il fait plutôt froid dans cette région du nord). Avec un tel confort, nous n'avons pas de mal à nous endormir :-)
13 mars
Ce matin nous avons rendez-vous à 9h avec Natacha et le guide, dans son hôtel situé à deux pas du nôtre.
Comme d'habitude, on ne se presse pas et savourons notre petit déjeuner plutôt copieux.
Nous arrivons à 9h30 au rendez-vous et faisons la connaissance de Chouchou, notre jeune guide francophone pour ce trek.
Chouchou, c'est drôle ce surnom. C'est également comme ça que sa famille appelle Jenni :-)
Et c'est parti !
Nous commençons la balade par la visite du marché. On y trouve de tout ! Des fruits, des légumes, du poisson, de la viande (avec les mouches dessus en cadeau) dont du chien, et des babioles en tout genre : des cartes postales, des bracelets, des habits, des sacs, etc...
Les femmes qui portent une coiffe rouge font partie de l'ethnie Dao Rouge, et quand l'une d'elles vous attrape pour vous vendre un truc, elle ne vous lâche plus !
"Achète pour moi", répètent-elles sans cesse.
On a beau leur expliquer qu'on n'a pas besoin de leur babiole ou qu'on n'a pas de sous, rien y fait. Elles sont de vrais pots de colle prenant les occidentaux pour de véritables vaches à lait.
Nous quittons peu à peu la ville pour nous enfoncer un peu plus dans la nature.
Chouchou notre guide est un mec plutôt cool et stylé avec son chapeau de cowboy. Il parle très bien le français et essaie toujours de répondre aux nombreuses questions de Jenni.
Comme pour trouver les mots justes, Chouchou s'arrête à chaque fois qu'il parle et comme lui et Jenni sont très bavards, bah on n'avance pas très vite.
Ce qui me laisse tout le temps nécessaire pour prendre des photos de ces superbes paysages.
Natacha et moi marchons devant, tandis que Chouchou et Chouchou nous suivent loin derrière :-)
Nous passons part un premier village peuplé de nombreux enfants.
Nous observons cette grand-mère utiliser une sorte de tamis pour trier les haricots. Jenni en profite pour essayer la manœuvre qui n'est pas si simple à réaliser. En effet le tamis rempli de haricots est un peu lourd et il est difficile de le secouer sans en faire tomber par terre.
En poursuivant la balade, nous sommes ravis d'apercevoir une école. En effet, c'est une bonne chose que les enfants des villages reculés aient accès à l'éducation.
Après avoir contemplé une première fois les rizières vues d'en haut, nous passons à travers afin de les voir d'un peu plus près.
La méthode d'irrigation est vraiment très ingénieuse. La conception des rizières en terrasse permet à l'eau de se déverser de niveau à niveau et d'arroser l'intégralité des champs sans trop d'effort.
Évidemment, près des rizières le chemin est plus boueux et Jenni ne manque pas de s'enfoncer dans la boue. S'en suit une opération nettoyage de chaussures avec un morceau de bois et des feuilles :-)
Une fois les chaussures propres, nous continuons la balade accompagnés d'une femme Dao rouge qui nous suit jusqu'à notre pause déjeuner, bien que nous lui ayons déjà dit que nous n'achèterions rien.
A la longue, c'est assez pénible d'être suivi par une femme qui tient absolument à vous vendre des choses inutiles.
Le repas, copieux et très bon, se compose de nems, de riz et de chou.
Nous repartons le ventre plein, cette fois-ci à la découverte des rizières un peu plus inondées, rendant le paysage différent mais pas moins magnifique.
En chemin quelques belles bouilles à prendre en photo :-)
Le temps se couvre, nous accélérons le pas et espérons ne pas nous prendre une saucée.
Nous arrivons au village de Ta Phin et après avoir croisé des fabricants de tambourins, nous assistons à une scène des plus flippantes.
Une dizaine de femmes Dao rouge collées à deux pauvres touristes telles des zombies, essayant de leur vendre leurs malheureux sacs.
Elles vendent toutes la même chose et utilisent toutes les mêmes méthodes de vente qui consistent à souler le touriste en lui répétant sans cesse "achète quelque chose pour moi, c'est pas cher, c'est joli, achète".
C'est incroyable comme ces femmes ne voient en les occidentaux que des portefeuilles !
Même notre guide trouve cette scène ridicule et pathétique, d'autant que ça ne prend pas ! Elles ne vendent rien avec de telles méthodes !
Bref, pendant un instant nous craignons que Chouchou nous fasse dormir en plein centre de ce village, à première vue très aménagé pour les touristes.
Mais il nous amène à l'écart de ce chahut, chez une famille bien plus sympathique.
C'est dans cette maison où vivent trois générations que nous allons passer la soirée et la nuit.
Certes, cette maison est aménagée pour recevoir des visiteurs étrangers mais elle n'en reste pas moins authentique comme dirait notre guide, et nous y sommes très bien accueillis.
Nous dormirons tous les trois dans un dortoir très bien équipé en moustiquaire et couvertures :-)
Nous faisons connaissance avec cette famille qui prépare déjà le dîner. Ici on cuisine au feu dans de grandes marmites et nous aurons droit à d'excellentes frites à l'ail en apéritif (sûrement les meilleures que nous ayons mangées).
La pièce principale de la maison fait à la fois office de salle à manger, cuisine et terrain de jeu pour les enfants.
Avant de commencer le repas, nous prenons un bain aux herbes médicinales que cette charmante famille nous a préparé.
Humm ! Un bon bain chaud...ça fait tellement longtemps !
Ce bain est le plus original que nous ayons pris dans notre vie pour la simple bonne raison que nous le prenons dans un tonneau.
Nous sommes à poil, dans un baril d'eau chaude, à quelques mètres d'une famille Dao rouge aux coutumes plutôt pudiques, dans le nord du Vietnam.
Ce que nous vivons est tout simplement exceptionnel ! Jenni a l'impression de vivre les épisodes de La Petite Maison dans la Prairie :-)
Après une bonne détente dans ce bain aux odeurs de thé, l'heure est venue de passer à table.
Une fois encore, nous n'allons pas mourir de faim. Plusieurs mets à partager sont déposés sur la table, tous très bons, surtout les nems :-P
Un véritable festin !
La soirée est évidemment arrosée d'un alcool de riz local. Il faudra peu de verre pour rendre Jenni pompette.
Moi je suis un homme, j'encaisse mieux...enfin heureusement que le riz est là pour éponger :-P
On termine la soirée en chantant des classiques de la chanson française avec Chouchou dont le téléphone est rempli de mp3 de variété française et qui connaît parfois mieux les paroles que nous !
14 mars
La nuit dans cette maison a été très bonne et nous n'avons pas eu froid (la soirée arrosée de la veille ayant sûrement aidé...).
Au petit déjeuner, des crêpes bananes miel, un régal :-)
Après avoir remercié cette charmante famille de nous avoir accueillis, nous poursuivons le trek en direction de Sapa, la tête dans les nuages.
Nous ne voyons quasiment rien de la balade mais la brume laisse dégager une ambiance assez mystique qui nous plaît beaucoup.
Malgré les nuages, canards et cochons sont toujours de sortie. Nous croisons d'ailleurs une truie prête à mettre bas à la cambrure qui nous fait peine à voir.
Nous venons également en aide à un caneton, perdu au beau milieu du sentier, en le remettant sur les traces de sa famille. Bah oui, les amis des bêtes, c'est nous :-)
Les chemins sont glissants par endroit alors prudence.
Tandis que Natacha manque à plusieurs reprises de se casser la binette, nous croisons des enfants profitant de ce terrain glissant pour pratiquer une sorte de luge (à roulette sur des gros cailloux...).
Ni la pluie ni la brume n'empêchent les paysans de travailler et de bêcher de nouveaux terrains de culture.
Nous faisons notre pause déjeuner dans un boui-boui qui fait sécher le maïs suspendu aux poutres de la toiture.
Au menu ce midi, des sandwich et des pommes :-)
Nous reprenons notre marche sous une pluie toute légère et rencontrons des vietnamiens toujours aussi bosseurs. Quand on pense que chez nous en France, la vie s'arrête pour quelques gouttes...
De jolis minois à photographier en chemin. Ceux d'une fillette, de biquettes et d'une truie qui nourrit ses petits.
De retour à Sapa, nous remercions Chouchou de nous avoir fait vivre une belle expérience à travers ce trek et échangeons avec lui nos coordonnées.
Puis nous retrouvons notre confortable chambre du Sapa View Hotel.
En soirée, nous retrouvons par hasard Morgane (avec qui nous avions partagé un bout de chemin au Laos) dans l'un des restos du village. Elle part demain pour le village de Bac Ha. Ça tombe bien, nous aussi :-)
Après le dîner, nous allumons un feu de cheminée dans notre chambre, qui ne réchauffe absolument pas la pièce mais créé une ambiance de montagne.
Malheureusement, nous avons tellement apprécié ce moment que nous n'avons pas pensé à prendre ce feu en photo...
Pour conclure, bien que nous préférons en général effectuer des balades seuls, nous avons aimé ce trek guidé car nous étions accompagné d'un guide sympa qui a su répondre à nos questions.
Et si vous partagez la conviction qu'un touriste ne doit pas être un simple consommateur de paysages et de cultures, mais aussi un acteur responsable, n'hésitez pas à consulter la brochure de Projet Humanitaire Nord Vietnam pour vous aider à voyager de manière responsable à Sapa ou dans toute autre région ou pays pauvre ou en voie de développement.
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