USA - Celui qui fait un p'tit tour en Alaska et puis s'en va
17 mars 2019Jour 736 : lundi 06/08/2018
Voilà déjà cinq jours que nous glandouillons à Dawson. A présent que nous sommes bien reposés de nos randonnées au Tombstone et que la voiture est réparée, il est temps de reprendre la route, toujours plus à l'ouest.
Nous traversons la Yukon River par le ferry et de l'autre côté de la rive, empruntons la route Top of the World qui amène en Alaska.
L'Alaska. Une destination qui nous a toujours intrigués. Tout comme le Yukon, l'intérieur ouest de l'Alaska compte encore beaucoup de contrées inconnues et sauvages, ses habitants étant principalement installés aux abords de la route George Paris qui traverse l'état en son centre du nord au sud entre Fairbanks et Anchorage.
C'est dans cette région que l'on trouve le Mont McKinley (appelé aujourd'hui Mont Denali), la plus haute montagne d'Amérique du Nord.
Située dans le parc national Denali, la fameuse montage aux neiges éternelles haute de 6190 mètres d'altitude, est réputée pour attirer notamment les passionnés d'alpinisme.
Si cet état des États-Unis nous fascine autant, c'est parce que dans nos esprits, nous l'imaginons blanc quasiment toute l'année, au climat extrêmement rude.
Effectivement, tout comme le Yukon, les températures hivernales peuvent régulièrement chuter jusqu'à -40° voire plus froid encore.
Mais ce que nous trouvons le plus extraordinaire, c'est l'histoire de cet état.
Après avoir traversé la langue de terre qui reliait l'Asie à l'Amérique il y a entre 10 000 et 30 000 ans et qu'on appelle aujourd'hui le détroit de Béring, les chasseurs cueilleurs de l'époque ont été les premiers Hommes à poser le pied sur ce continent.
Autrement dit, il y a des gars qui se sont dit un jour, à l'époque de Manny, Diego et Sid (référence à l'âge de glace) : “hé les copains, je crois qu'ici on va être bien. On va avoir une belle vie. Venez, on s'installe…” .
Et effectivement, malgré un climat rude et inhospitalier à des séjours prolongés, ces Hommes courageux y ont trouvé l'essentiel à leur survie : du gibier en hiver leur apportant viande, peaux et outils, et du poisson, des baies et des plantes en été, sans oublier de l'eau et de la glace à foison.
C'est en connaissant l'histoire de l'arrivée des premiers hommes sur le continent américain que l'on comprend mieux la ressemblance des peuples autochtones avec les peuples asiatiques et de Sibérie. Tout s'explique .
La Top of the World que nous empruntons désormais est nommée ainsi parce qu'elle s'étire sur 100 km depuis Dawson jusqu'à la frontière américaine sur les sommets des montagnes et des collines.
De tout ce qu'on nous en a dit, cette route serait sensationnelle, l'une des plus belles routes du Yukon.
Malheureusement, le mauvais temps, nuageux à tendance pluvieuse, bouche un peu la vue.
Mais à défaut de nous montrer de beaux paysages, la météo nous offres de superbes arcs en ciel .
Bien que la route soit un peu chaotique par endroit, avec d'énormes trous partout, c'est assez chouette de voir comme elle contourne parfaitement certaines collines.
Nous roulons 175 km et faisons un arrêt à Chicken, un hameau de seulement quinze habitants durant l'hiver, une trentaine l'été.
Drôle de nom pour un village, n'est-ce pas ?
Chicken tient son nom des premiers mineurs et habitants venus s'installer ici pour prospecter de l'or et qui n'ont pas été capables de prononcer une seule fois le mot “ptarmigan” qui signifie ”lagopède” en français, cet oiseau que l'on trouve en quantité dans les environs.
Mot trop difficile à dire, qu'à cela ne tienne, puisque ces lagopèdes ressemblent fort à des poules, ils ont décidés de les appeler des chickens, et ainsi est apparu le hameau du même nom, principalement habité par des mineurs, encore aujourd'hui.
De l'or, on en trouve toujours dans les environs.
Niveau marketing, ils sont plutôt bons à Chicken. Tout tourne autour du poulet, des objets souvenir des plus farfelus aux blagues auto-dérisoires sur la localité.
Nous prenons un léger repas au Chicken Café et passons la nuit sur le parking situé juste en arrière.
Ah ! Les États-Unis ! Ça y est, nous y sommes. Nous payons en dollar américain, les stations services indiquent l'essence en gallons et non en litres, les kilomètres sont devenu des miles et les températures sont affichées en degré Fahrenheit.
Quand 15°C se transforment en 60°F, ça surprend un peu au début .
Jour 737 : mardi 07/08/2018
Aujourd'hui, cela fait seize ans que Guigui et moi sommes ensemble, et quoi de plus beau pour fêter la solidité de notre couple qu'un beau cadeau de la nature ?
A notre réveil, c'est une femelle originale accompagnée de son petit que nous apercevons sur le parking même où nous avons passé la nuit.
Ils sont tellement proches ! Peut-être dix ou quinze mètres de nous. Ils sont trop beaux !
Nous prenons notre petit déjeuner en compagnie de ces deux belles bêtes, que nous surveillons toutefois de très près dans le rétroviseur car il ne manquerait plus que l'un d'eux essaie de chiper une bouchée de notre p'tit déj…
Pas très loin, ce sont deux autres orignaux que nous voyons de l'autre côté de la route. Décidément ! Nous sommes gâtés ce matin .
En fin de matinée, nous visitons le hameau de Chicken. Une visite qui se fait en un battement de cils tant c'est minuscule.
Du gravier est mis à disposition des visiteurs pour ceux qui aimeraient trouver une pépite d'or.
En arrière du camping, on y trouve des vestiges de drague.
En quinze minutes (et nous avons pris notre temps), la visite de Chicken est terminée.
Le hameau se résume en une station service, deux cafés-bar, des boutiques cadeaux, deux stationnements pour véhicules récréatifs, quelques locations de cabanes de vacances, un bureau de poste, un restaurant et un aéroport.
Évidemment, nous ne quittons pas le hameau sans prendre une photo de la mascotte, cette célèbre statue de poulet dont tout le monde parle dans le Nord, avec ses panneaux qui indiquent à quelle distance de vol de poulet se trouvent les villes aux noms ayant un rapport avec lesdites volailles .
À 11h30, nous reprenons la route en direction de Fairbanks, à 450 km de là.
Le trajet est plutôt long et ennuyeux, ne défilant sous nos yeux qu'une quantité d'arbres sur un tracé tout droit, absolument interminable.
A 25 km avant notre arrivée à Fairbanks, nous faisons un court arrêt dans la petite ville nommée North Pole.
Bien qu'elle ne soit pas du tout située au pôle Nord, son nom lui vaut le rôle titre de la ville natale du Père Noël (du moins pour les américains car en Europe, tout le monde sait que le Père Noël vit en Laponie ).
L'attraction de la ville est la visite de la maison du Père Noël (ou Santa Claus House en anglais) pour se plonger dans l'esprit des fêtes de fin d'année, même en plein mois d'août.
Mouais… Enfin la maison du Père Noël n'est rien de plus qu'un grand magasin de décorations de Noël et de jouets pour enfants qui, pendant vingt ans, a joué le rôle de bureau de poste du Père Noël.
Vers 19h, nous arrivons à Fairbanks et là, c'est le choc.
Moi qui pensais que Fairbanks était la Dawson de l'Alaska, il n'en est rien du tout.
Il s'agit en réalité d'une très grosse ville de près de 32 000 habitants, soit l'équivalent de la totalité de la population du Yukon.
Depuis un an que nous vivons au Yukon, on croirait que nous nous sommes déjà déshabitués à la foule et aux grosses enseignes qui brillent partout.
Et on ne parle QUE de Fairbanks. Nous n'osons même pas imaginer notre retour en France...
Pas dit que nous restions très longtemps à Fairbanks, ville dans laquelle nous ne nous sentons déjà pas à notre aise…
Jour 738 : mercredi 08/08/2018
Absolument rien aujourd'hui. Le ciel nuageux, parfois pluvieux ne nous donne pas spécialement envie de visiter la ville de Fairbanks, qui, même par un beau soleil ne nous attire pas plus que ça.
Tout est absolument payant et cher dans cette ville !
Nous passons donc tout notre après-midi au centre des visiteurs de la ville, à utiliser la connexion internet et réfléchir à la suite de notre expérience canadienne.
En effet, bien que notre PVT ait pris fin le 20 juin dernier et que nous parcourions les routes du Grand Nord depuis le début de l'été en tant que touristes officiels,, nous ne savons toujours pas si nous souhaitons ou non prolonger notre séjour au Canada avec un nouveau statut travailleur, s'il nous est possible ou non de demander un nouveau permis de travail et s'il en est, les démarches à suivre ainsi que le délai.
La recherche de toutes ces informations ainsi que notre réflexion nous prennent beaucoup de temps.
Nous y reviendrons bientôt dans un prochain article.
Malgré tout, cet après-midi au centre de visiteurs de Fairbanks nous aura permis de faire la connaissance de Magalie, une franco-américaine installée en Alaska depuis plus de dix ans, employée des parcs nationaux américains et travaillant plus précisément pour le parc Denali, le parc tant convoité par les touristes et randonneurs.
Ravie de pouvoir pratiquer son français avec nous, elle nous motive à aller randonner hors sentiers dans le parc Denali qui, selon elle, vaut vraiment le coup d'œil.
Se rendant vite compte que les trucs à touristes ne nous emballent pas du tout, elle nous recommande plutôt quelques itinéraires qu'elle a elle-même pratiqués avec son mari.
Trop sympa cette Magalie .
Jour 739 : jeudi 09/08/2018
Aujourd'hui, nous profitons de la fin de journée plus ensoleillée pour aller nous détendre aux sources chaudes Chena, situées à 90 km de Fairbanks.
L'endroit est un peu touristique mais cela nous fait beaucoup de bien de prendre un bain chaud .
C'est en toute fin de soirée, vers 22h, que nous reprenons la route, question de quitter cette grosse ville que nous n’apprécions que très modérément.
Jour 740 : vendredi 10/08/2018
Au réveil ce matin, alors que nous venons de passer une très mauvaise nuit sur cette aire de repos de bord de route, très empruntée par les camions, nous voyons une colonie de touristes descendus expressément de leur autocar pour prendre le cliché d'un point de vue inexistant parce que caché par des arbres, juste parce que leur guide a dit qu'il fallait prendre cette photo.
Touristes chinois ou touristes américains, c'est du pareil au même…
En chemin pour le parc Denali, nous faisons d'abord un arrêt à Healy à environ 10 km avant le parc.
C'est ici, en bord de route, que nous pouvons voir la réplique du Magic Bus 142, celui-là même qui a servi au tournage de “Into the Wild”, l'un de nos films favoris et qui nous a amené à repenser notre façon de vivre.
À Healy, ce n'est pas le “vrai” bus, celui dans lequel Christopher McCandless, alias Alex Supertramp, a vécu intensément la vie sauvage du Grand Nord, mais bien celui dans lequel Sean Penn a réalisé le film.
Situé en bord de route, il est accessible à tous tandis que celui dans lequel le héros du film a laissé son dernier souffle demande quelques jours de trek pour y parvenir.
Un trek que nous envisagions sérieusement d'entreprendre en arrivant au Yukon mais qui, à en croire les randonneurs aguerris qui l'ont effectué, ne vaut pas tant la peine.
Ce trek se ferait davantage dans un but de pèlerinage que pour la beauté du paysage. Sans oublier que ce trek ne peut se faire qu'à une période précise de l'année, la rivière principale étant intraversable en plein été.
Nous ne ferons certes pas le trek du Magic Bus 142 mais cette réplique suffit à nous émouvoir.
À l'intérieur, tout y est comme dans le film, les extraits du carnet personnel de Chris et les photos en plus.
Bien que les alaskains n'apprécient pas vraiment ce qu'a fait le jeune Christopher McCandless dans les années 90, le traitant d’inconscient, et considérant même que ce qu'il lui est arrivé était inévitable (autrement dit, c'est presque bien fait pour lui), nous restons admiratifs.
Cela ne nous tente pas de vivre une aventure comme la sienne, pas du tout !
Mais au moins il a suivi des rêves, ses choix et en toute conscience. En ça, nous le trouvons admirable.
Arrivés au parc Denali, pouhaaaa !
Qu'est-ce que c'est que tout ce monde ?!!!
La majorité des gens n'est même pas randonneur ! Des vieux en canne, limite en déambulateur, des gros dont le ventre touche quasiment les genoux, et j'en passe.
Mais que viennent faire ces gens dans le parc s'ils ne sont pas capable de lever les jambes ?!!!
Ils viennent le visiter en bus bien sûr !
Mais que c'est naze ! C'est vraiment une usine pour touristes de masse.
Ma réaction est certes un peu extrême mais je crois sincèrement qu'il faut arrêter de rendre tout accessible à tout le monde. Ça ne préserve en rien l'environnement ni le plaisir de visiter le parc, bien au contraire.
Chacun devrait être en mesure de se responsabiliser et de choisir ses activités en fonction de ses capacités. Ce n'est pas à la nature de s'adapter aux gens mais bien l'inverse.
Si l'on souhaite voir le parc Denali, alors il faut randonner. Si on n'est pas capable de randonner (parce qu'on a mangé trop de chips et bu trop de coca par exemple ou parce que nos articulations ne nous le permettent plus) alors on oublie cette destination et on fait autre chose.
Enfin bref, entre la pluie annoncée partout en Alaska, et l’invasion des gros touristes américains friqués, cette destination qui nous faisant pourtant tant rêver, s'avère plutôt décevante jusqu'à maintenant.
La météo annonçant une meilleure météo de l'autre côté de la frontière, nous décidons d'écourter notre séjour en Alaska et de rentrer au Yukon.
Après tout, nous ne sommes pas là pour faire une coche supplémentaire sur une liste de destinations à voir absolument.
Conduire et consommer de l'essence pour au final ne pas profiter des lieux (parce que vivre dans un van lorsqu'il pleut tout le temps n'est vraiment pas agréable) ne fait pas du tout partie de nos plans.
Allez hop, on rentre au bercail, tranquillement mais sûrement. Tant pis pour les randos dans le parc Denali. Une prochaine fois peut-être...
Ce n'est pas grave de ne pas TOUT voir .
Avant de quitter le parc Denali, nous profitons quand même de la brève éclaircie pour nous promener aux abords du centre des visiteurs, sur le pont qui domine la rivière.
L'environnement est joli, c'est vraiment dommage que la météo soit mauvaise pour ces prochains jours...
Puis nous nous dirigeons au Sud, en contournant le parc Denali.
Jour 741 : samedi 11/08/2018
Aujourd'hui, nous passons la journée dans la voiture, à rouler en direction du Yukon.
De 11h à 20h nous conduisons ! Malgré les pauses, passer neuf heures assis dans la voiture, ça rendrait presque nos fesses plates .
Pour retourner vers la tranquillité yukonnaise, nous empruntons la Glenn Highway, une belle route depuis laquelle nous apercevons le glacier Matanuska, le seul et le plus grand visible depuis la route.
Mesurant 43 km de long sur 6 km de large, il est la source de la rivière Matanuska, que nous pouvons facilement imaginer très froide.
Ce glacier a la particularité de garantir presque toujours un ciel bleu dans les environs grâce au mélange de vents favorables et de courants d'air chauds ascendants qui lui arrivent dessus.
Pour le voir d'un peu plus près, nous empruntons un court sentier très facile.
Finalement, la journée n'aura pas été si moche aujourd'hui…mais à cause des fortes pluies tombées ces derniers jours, nous nous rassurons en pensant que les rivières doivent certainement déborder, ce qui ne serait de toute façon pas très plaisant pour randonner.
Nous poursuivons notre route sur la Glenn Highway et longeons les sublimes montagnes du parc national Wrangell-St Elias, le plus grand de tous les États-Unis après Yellowstone.
Ce parc est la continuité du parc national de Kluane au Yukon.
Nous aurions également aimé l'explorer mais là encore, la météo s'annonce très mauvaise de ce côté-ci de la chaîne de montagnes, sans compter que nous n'avons pas trouvé beaucoup d'informations concernant les randonnées et treks dans ce parc.
La route n'en reste pas moins splendide et surtout, dès lors que nous avons passé la ville de Glennallen, nous retrouvons le plaisir d'être seuls sur la route, tranquilles.
C'est devant les belles couleurs de fin journée que nous prenons notre souper, un peu avant de passer la frontière américaine et terminons notre séjour en Alaska. Demain, nous serons de retour au Yukon, qui n'est plus qu'à quelques kilomètres.
Notre séjour en Alaska ne nous a pas pleinement satisfaits. Nous avons même été pas mal déçus mais il est certain que la pluie et le mauvais temps en général n'a pas aidé à apprécier notre road trip dans cet état.
Agacés également par la présence imposante des habitants et des touristes américains, nous n'étions plus habitués à voir autant de monde et à entendre autant de bruit.
L’Alaska n'a pas été à l'image de ce que l'on s'en représentait et nous y sommes restés moins longtemps que prévu, seulement six jours, mais ce n'est que partie remise, peut-être pour un prochain voyage, sait-on jamais…
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